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ses intimes amis, et qui pendant long-temps ont été attachés à son service personnel, ou employés dans les plus hauts grades de l’armée carliste ; c’est ainsi que le général Chacon, ancien favori d’Espartero, vient d’être nommé capitaine-général de Burgos, que le général Infante et M. Gonzalez, anciens ministres de l’ex-régent, ont été nommés conseillers royaux ; c’est ainsi que le chef politique de Madrid permet aux progressistes de former des associations pour les prochaines élections municipales, et que celui de Séville, non content d’accorder la même permission aux démocrates de son département (qui sont de vrais républicains), a présidé la séance d’inauguration, en les engageant à parler sans contrainte et à faire usage de tous les moyens légaux en faveur de leurs candidats. Le fait est qu’on ne découvre pas dans toute l’étendue de la Péninsule le plus petit symptôme d’agitation.

« On nous dit que M. Henry Bulwer travaille, en Belgique, pour obtenir du roi Léopold sa médiation dans nos désagrémens a ce l’Angleterre, posant comme condition sine qua non une satisfaction personnelle de la part de notre cabinet. Je puis vous assurer de la manière la plus positive qu’il n’obtiendra jamais ce résultat. Le repos parfait dont nous jouissons, et qui date pieusement du jour du départ et de M Henry Bulwer, justifie suffisamment la résolution de nos ministres de refuser une déclaration aussi contraire à leur honneur qu’a leurs convictions les plus intimes. Nous nous trouvons trop bien de cette absence pour en renier les motifs. Si M. Henry Bulwer attend ce dénoûment pour se rendre aux États-Unis, le cabinet de Washington sera long-temps privé de sa présence.

« Le nouveau tarif, sur l’exécution duquel il a plu à messieurs les Anglais d’exciter et de répandre quelques doutes, va être mis en pratique d’ici à très peu de jours. Cette mesure a été suspendue dans une vue de conciliation à l’égard des manufacturiers de la Catalogne, ou, pour mieux dire, de Barcelone. C’est dans cette pensée que le marquis de la Romera est allé en mission dans cette ville, non pas, comme on l’a prétendu, pour étudier la question des tissus de coton, afin VV d’introduire quelques modifications dans la loi, mais pour faire comprendre aux fabricans que cette loi ne leur portait pas le moindre préjudice, aussi bien que pour éclairer le gouvernement sur les indemnités qu’il serait juste de leur accorder, si, en effet ils devaient éprouver quelque perte. Or, M. de la Romera est revenu, et il a laissé les Catalans parfaitement tranquilles et satisfaits. Il est désormais démontré que l’industrie cotonnière de Barcelone n’a pas toute l’importance qu’on a bien voulu lui donner, et en voici une preuve bien frappante : toute la contribution industrielle de la province de Barcelone, la seule où les fabriques cotonnières existent, ne monte qu’à la somme insignifiante de 500,000 réaux. En supposant que l’industrie cotonnière y soit pour une moitié (ce qui est bien loin de la vérité), il en résulte une bien mince représentation du capital employé.

« Il est hors de doute que le gouvernement est décidé à changer de fond en comble son système économique et que les doctrines du libre échange sont adoptées comme base de la législation inaugurée déjà par le nouveau tarif, et qui recevront un plus large développement dans la prochaine législative. C’est le parti conservateur qui est l’auteur de cette importante innovation, que les intérêts agricoles et commerciaux de l’Espagne demandent à grands cris. »