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Au même

« Ce mardi, 12 juillet 1803.

« Michaud vous a écrit. Je lui ai dit samedi soir, à notre dernière entrevue, qu’il se tint pour bien averti que vous auriez de la répugnance à traiter d’argent avec lui ; que vous étiez à cet égard presque un glorieux ; que, pour lever cette difficulté, on étoit convenu que Fontanes seul règleroit à l’amiable cet article avec lui ; qu’au surplus je le prévenois aussi que vos voyages à Paris exigeroient des dépenses et des avances que votre famille seroit certainement peu disposée à faire, etc. — Il me répondit qu’on pourvoiroit à tout avec plaisir ; qu’il verroit Fontanes le lendemain avant de partir pour la campagne où il alloit, etc. Il vit Fontanes en effet, mais il se contenta de lui dire qu’il vous avoit fait dans sa première lettre des propositions dont il espéroit que vous seriez content. — Fontanes croit que ces propositions sont magnifiques et fort supérieures à celles dont notre extrême modération auroit consenti à se contenter. C’est de quoi vous aurez soin de nous instruire en temps et lieu.

« Malgré mon dire à Michaud, s’il a traité l’article franchement et à cru avec vous, je vous conseille de le traiter du même ton ; sinon, Fontanes réglera tout. Adressez-vous à lui sans réserve ; il est charmé d’avoir à mener cette petite affaire, et il y met de l’affection pour vous et de l’affection pour l’ouvrage. Si je vois Michaud ce soir (ce qui est douteux, car je le crois encore absent), je lui parlerai de votre réponse à moi, qui lui fera plaisir.

« Ce Michaud ne dit jamais tout. Je trouve qu’il ressemble assez à un bouillon froid, assez bon, assez onctueux, peut-être même assez substantiel (en affaire), mais il n’a pas l’apparence d’un solide. Il est, au surplus, indubitable qu’il en aura la réalité. Ainsi, préparez-vous et exécutez en plein repos. Quant à l’argent, comme il est presque honorable d’en avoir, il ne faut pas avoir honte d’en gagner, et, quand on en est capable, il faut en gagner le plus qu’on peut. Ainsi, ne négligez rien pour faire une bonne affaire. Nous sommes tous persuadés que vous ferez un bon ouvrage.

« … Vous me faites des recommandations que les circonstances repoussent… Le Mercure est livré au jeu du petit bonhomme vit encore. Ces gens-ci ne veulent pas qu’il meure dans leurs mains, mais ils ne se soucient point qu’on le rallume. Je suis piqué de laisser là mon but sans l’avoir atteint ; mais j’ai fait ce qui étoit possible.

« Nous partons demain mercredi… Écrivez-moi à Villeneuve-sur-Yonne, rue du Pont. Je suis pressé comme un homme qui part. Ce mot a un grand sens pour vous, dont l’expérience est toute chaude. Je viens d’écrire à Mme de Caud ; mettez-nous à ses pieds, quand vous la reverrez. J’aurai un grand plaisir à vous retrouver ici à mon retour. Adieu, adieu.

J. »


Au même.

« Villeneuve-sur-Yonne, 2 janvier 1804.

« Mon frère nous apprend que vous avez écrit à Mme de Vintimille « que la mort de Mme de Beaumont s’étoit fait sentir à vous au milieu des plus violens chagrins et des plus grandes pertes. » Que vous est-il donc arrivé ?