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la plus prochaine du parlement de l’Allemagne tout entière. La première proposition, nous l’avons dit, transformait le parlement préparatoire en un parlement définitif ; la seconde, tout-à-fait raisonnable en apparence, tout-à-fait conforme aux vrais principes constitutionnels, renfermait cependant un danger sérieux, que créait la gravité extraordinaire des circonstances, et que l’assemblée ne paraissait pas soupçonner. M. de Gagern, avec la sûreté de son regard, vit immédiatement le péril et le signala sans hésiter. « Bien qu’elle ne représente pas tout le pays, l’assemblée, pensait-il, n’a pas le droit de s’abstenir sur certaines questions. Ne nous laissons pas enchaîner par le respect exagéré du droit : Summum jus, sunmma injuria. La révolution agite l’Allemagne ; ne permettons pas qu’il y ait le moindre doute dans les esprits au sujet de certains points fondamentaux. Repousser le programme des sept ou tout autre programme équivalent, et ne faire que la loi électorale, c’est laisser croire qu’il y a un interrègne, que nous sommes un gouvernement provisoire, et que nous léguons à la future assemblée ce grand problème : la monarchie ou la république. Non, nous ne poserons pas ce problème, nous ne laisserons pas le doute aux esprits. Dans un moment où le pouvoir s’écroule, nous ne nous tairons pas sur une question si grave. Acceptons le programme des sept, ou, si nous ne l’acceptons pas, arrangeons-nous de manière à déclarer hautement que l’Allemagne, en voulant l’unité et la liberté, ne renonce pas au principe monarchique. » Tel est le résumé des hardies paroles de M. de Gagern ; la grande majorité de l’assemblée, éclairée d’une lumière subite, éclata en bravos. Il ne restait plus qu’à ouvrir le vote. L’irrésolution de M. Mittermaier prolongea encore la discussion au seul profit de l’intrigue et des passions turbulentes. En vain M. Waechter (de Stuttgart) reprend-il avec force l’argumentation de M. de Gagern ; un député de Brunswick, M. Assmann, comme pour embrouiller tout, présente un compromis entre la proposition Schaffrath et le programme des sept. L’indécision des esprits recommence déjà, et, profitant de l’occasion, M. Hecker demande à l’assemblée de se déclarer en permanence. Les tribunes applaudissent avec fureur ; les députés cherchent vainement où en est la délibération : le tumulte et la confusion sont au comble. Enfin, M. Mittermaier paraît se souvenir qu’il est président ; il met aux voix la question de savoir si le programme des sept sera soumis à une commission. C’est là, comme on voit, une partie seulement de la proposition Schaffrath ; la question n’était donc pas posée de manière à terminer clairement le débat. Aussi, quand l’assemblée, à une majorité assez forte, se fut prononcée négativement, on ne vit là qu’une victoire insignifiante ; le champ de bataille n’appartenait à personne, et la lutte recommença. Elle recommença avec une fureur et me confusion toujours croissantes. Voici M. Eisenmann qui soutient