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un règlement. On put donc procéder sans délai à la nomination du bureau. La séance avait été ouverte par le président d’âge, M. Schmidt (de Brême) ; le président élu fut M. Mittermaier, professeur à l’université d’Heidelberg et ancien président de la chambre des députés du duché de Bade. L’assemblée nomma ensuite quatre vice-présidens, MM. Dahlmann, d’Itztein, Robert Blum et Jordan (de Marbourg). Les huit secrétaires étaient MM. Bauer (de Bamberg), Schwarzenberg (de Cassel), Wolfgang Müller (de Düsseldorf), Varrentrapp (de Francfort), Kierulff (de Rostock), Blankenhorn (de Mülheim), Briegleb (de Cobourg), et enfin l’un des publicistes célèbres de la Prusse, M. Henri Simon (de Breslau). Le bureau une fois constitué, vers neuf heures et demie, de nombreuses salves d’artillerie annoncèrent au loin la nouvelle, toutes les cloches de la ville sonnèrent à pleine volée, et les notables, sortant du Roemer, se mirent en marche vers l’église Saint-Paul, escortés par une double haie de gardes nationaux et salués des acclamations d’une foule immense.


II

Il serait difficile au premier coup d’œil d’assigner exactement la destination de l’église Saint-Paul. Si ce bâtiment ressemble à quelque chose, c’est bien plus à un temple antique qu’à un édifice chrétien. Figurez-vous une large enceinte de forme circulaire, dont la partie centrale est entourée de colonnes. Sur ces colonnes repose un énorme jubé, ou, si vous l’aimez mieux, une galerie supérieure assez vaste pour contenir aisément deux mille personnes. Ce singulier temple, disait récemment un spirituel écrivain de la Gazette d’Augsbourg, semble avoir été dédié par l’architecte à l’un des dieux inconnus de l’avenir, et puisse le dieu arriver bientôt ! En attendant la divinité nouvelle, l’assemblée des notables prit possession de l’église Saint-Paul, le 31 mars, au milieu d’une affluence tumultueuse dont l’attitude naïvement révolutionnaire donnait le plus étrange aspect à ses délibérations. Entrons avec la foule dans la vaste galerie d’en haut. Cette partie centrale, que je viens d’indiquer, est occupée par les notables. En face d’eux s’élève la chaire, devenue aujourd’hui une tribune ; derrière la tribune, on a dressé l’estrade du haut de laquelle le président doit diriger les débats. À droite et à gauche de la tribune et de l’estrade du président, d’immenses draperies rouges tombent entre les colonnes, et cachent ce côté de l’enceinte que la forme même du bâtiment condamne à rester inutile. Sur ces draperies rouges, voyez les ornemens noir et or qui complètent les couleurs de l’empire. Enfin, là-haut, là-haut, bien au-dessus de l’estrade, à l’extrémité des colonnes, regardez cette personnification de l’Allemagne, cette colossale Germania. Pourquoi faut-il, hélas ! que,