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du réseau serré, mais délicat, qui maintient encore la société, serait à la fois insensé et criminel. Mais cet intérêt n’est pas le seul : dans un pays tel que le nôtre, les idées généreuses doivent savoir vivre à côté des idées utiles ; elles n’ont jamais abdiqué, même pendant nos plus mauvais jours. Parmi nous, la vertu méconnue et outragée, la puissance désarmée et déchue, ont toujours trouvé des défenseurs : c’est une de nos libertés ; nous ne devons en perdre aucune. Ainsi que je l’ai dit en commençant, je n’ai eu qu’un dessein : je n’ai pas prétendu écrire l’histoire du 24 février ; je n’ai pas fait un réquisitoire contre le passé ; je n’ai même nommé personne, à l’exception de deux ou trois hommes publics que j’ai jugés uniquement sur les paroles qu’ils ont prononcées ou sur les documens officiels signés de leur main. Je le répète, je n’ai eu qu’une pensée : j’ai voulu rétablir dans sa vérité un caractère historique présenté sous de fausses couleurs, j’ai voulu réfuter l’erreur ou la calomnie non par des phrases, mais par des faits.


ALEXIS DE SAINT-PRIEST.


P. S. Pendant l’impression de ce récit, M. Capefigue a fait paraître le second volume de son ouvrage. J’ai eu à peine le temps de le parcourir. Les détails ne m’en ont pas paru plus fidèles que ceux du premier volume, notamment dans la scène de la chambre des députés, où, entre autres inexactitudes, l’auteur fait accompagner Mme la duchesse d’Orléans par M. le duc de Montpensier, tenant le jeune comte d’Eu par la main ! Cela suffit pour prouver l’absence de toute information authentique ; néanmoins la manière convenable dont il parle cette fois de la princesse qu’il avait si injustement attaquée semble absoudre ses intentions, sinon ses renseignemens, et je crois devoir lui rendre sur ce point la justice qu’il s’est tardivement rendue lui-même.