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des partis qu’un principe inflexible ou des passions implacables rendaient hostiles à sa dynastie, on désirait généralement qu’une alliance complétât et fixât sa destinée. On voulait voir M. le duc d’Orléans uni à une compagne digne de lui par les dons de l’esprit et surtout par les qualités du cœur. Ces conditions si rares se trouvèrent réunies dans Mme la princesse Hélène de Mecklembourg.

Les fêtes de Fontainebleau et de Versailles sont loin de nous. Qui voudrait parler aujourd’hui de ces royales splendeurs ? Trop souvent elles furent le présage des révolutions, le signal des catastrophes. Le souvenir de ces pompes nuptiales est éteint comme la flamme des girandoles et les fusées des feux d’artifice. Ce qu’on n’a pas oublié, c’est la grace, la bonté, la dignité parfaite de celle pour qui s’ouvraient alors comme par enchantement les chambres de François Ier et de Louis XIV, les galeries peintes par le Primatice et par Lebrun. À côté d’une vertu modeste et d’une bienfaisance sans faste, on remarqua l’amour et la culture des lettres, une connaissance familière de notre littérature ancienne et moderne. Alors on applaudit à des mérites si divers ; on ne s’était pas encore avisé d’en faire un crime.

Chercher à peindre les momens si rapides que M. le duc et Mme la duchesse d’Orléans passèrent ensemble, c’est essayer de reproduire le calme et l’uniformité de la vie commune. Jamais dans Paris ménage bourgeois n’a goûté un bonheur plus facile et plus simple. La naissance de deux enfans, les phases journalières de l’existence en furent les seuls événemens. On sait combien le prince royal était attaché à sa famille. Sa vénération pour ses parens, son amitié pour ses sœurs et pour ses frères, restèrent toujours inaltérables non-seulement dans leur durée, mais dans leur vivacité passionnée. C’est encore son testament qui nous en transmet l’expression. C’est là qu’on trouve les témoignages de sa tendresse pour le prince qui, dans l’ordre de la naissance, venait immédiatement après lui. « J’aime Nemours, disait-il, encore plus qu’on n’aime un frère. » Mme la duchesse d’Orléans s’associait à ces sentimens. Elle ne cessa jamais, elle n’a jamais cessé d’obtenir un tendre et cordial retour de son beau-frère en particulier et de toute sa famille en général. Le roi Louis-Philippe, la reine Marie-Amélie, l’ont toujours traitée comme une fille chérie. Que dire de l’affection si vive de la princesse Adélaïde, à qui personne, que je sache, n’a reproché d’avoir su dissimuler sa pensée ? Jamais Mme Adélaïde n’aurait pardonné le moindre désaccord avec les sentimens auxquels elle avait voué toutes les forces de son ame impétueuse et sincère, et cependant l’union de ces deux princesses ne se démentit pas un seul instant. La vie de Mme la duchesse d’Orléans se passait tout entière chez la reine, hors quelques fêtes données au pavillon Marsan, auxquelles le roi et sa famille assistaient toujours. Qu’on ne me prenne pas pour le Dangeau de la branche