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Pauline[1] ! Venez, mon cher ami, pleurer avec moi cet hiver, au mois de janvier. Vous trouverez un homme inconsolable, mais qui est votre ami pour la vie.

« Joubert vous dit un million de tendresses. »


Au même.

« J’ai votre portrait mon cher ami, vous jugez s’il me fait plaisir. Les gens qu’on aime étant presque toujours éloignés de nous, au moins que leur image les fixe sous nos yeux, comme ils le sont dans notre cœur. Je suis enfin revenu de Villeneuve pour ne plus y retourner cette année. Je vous attends ; votre lit est prêt, ma femme vous désire. Nous irons nous ébattre dans les vents, rêver au passé et gémir sur l’avenir. Si vous êtes triste, je vous préviens que je n’ai jamais été dans un moment plus noir : nous serons comme deux cerbères aboyant contre le genre humain. Venez donc le plus tôt possible. Mme de C. doit vous avoir un passeport. Venez ; le plaisir que j’aurai à vous embrasser me fera oublier toutes mes peines. Mille tendres amitiés. »

(Rue de Miroménil, no 1119.)


Au même.

Samedi, 8 février 1806.

« Vos poulardes sont bonnes, mon cher ami ; mais vos lettres et surtout votre présence vaudroient encore mieux. Quand arriverez-vous ? Nous vous attendons. Venez occuper le petit cabinet et jaser avec nous sur les maux de la vie. Je partirai dans le courant d’avril pour l’Espagne[2], où je resterai tout au plus deux mois. J’irai voir les antiquités mauresques ; jusque-là je suis à votre service. Venez débarquer chez moi ; vous ferez grand plaisir à M. de Chateaubriand. Joubert est ici. Tout le monde sera charmé de vous voir. Le poème est-il fini ? Quand l’imprimons-nous ? Je parle tous les jours de vous à Mme de Custine. Venez donc, mon cher ami. Vous savez combien les premiers jours du printemps sont beaux à Paris et combien nous vous aimons. Mille remerciemens des chapons ; nous en mangeons un ce soir avec Joubert. Tout à vous. »


Au même.

« Paris, le 7 mai 1816.

« Je dicte en courant quelques mots à mon secrétaire[3], mon cher ami. Je ferai tout ce qui me sera possible de faire pour vous faire entrer à l’Institut ; mais ne comptez sur rien, et voici pourquoi : l’esprit de ce corps est resté le même, malgré la réforme qu’il vient d’éprouver. Dans les dernières nominations, nous n’avons pu avoir que quatre voix pour M. De Sèze. Jugez par là où nous en sommes. Je sais que vos titres sont d’une nature différente ; mais le talent, comme vous savez, n’est pas toujours une raison de succès. Quant à Fontanes,

  1. Mme de Beaumont.
  2. Au lieu de ce simple voyage, il fit le grand tour par la Grèce et par l’Orient.
  3. Cette lettre n’est pas de la main de M. de Chateaubriand ; il n’a fait que la signer. Déjà l’homme politique absorbe l’ami.