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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

n’accepterions pas cette pesante charge, si nous n’avions confiance en la bonté de Dieu qui conduit l’esprit et le cœur des princes, et si nous ne connaissions la prudence et la loyauté de notre très cher frère le roi de Navarre, lequel nous a priée de céder au vœu du roi mon fils, nous déclarant que pour rien au monde il ne prendrait lui-même un tel fardeau. (Rumeurs et chuchotemens.) En conséquence, monsieur le chancelier, c’est à moi désormais que vous soumettrez vos affaires de justice. C’est par moi et sur mon ordre seulement que le conseil sera convoqué. — Messieurs les secrétaires d’état, vous vous tiendrez dorénavant près de moi, vous me suivrez pour recevoir mes commandemens, et vous aurez soin de ne faire expédition que de ce qui vous sera par moi-même ordonné. — Chancelier, vous préviendrez les intendans des finances que je veux avoir leurs comptes dans un bref délai. — MM.  les capitaines des gardes et MM.  les commandans des gardes suisse et écossaise sont avertis que c’est à moi qu’ils doivent obéissance. Vous entendez, monsieur de Brézé ; faites-en part à Chavigny. (Se tournant vers tous les gentilshommes dont la chambre est remplie.) Messieurs, le roi sait les bons et loyaux services que vous avez rendus au feu roi son frère ; il vous en remercie et vous prie de les lui continuer, soit dans son conseil pour ceux d’entre vous, messieurs, qui ont l’insigne honneur d’y siéger, soit dans tous les emplois dont vous êtes possesseurs. — Ce soir, vous serez admis à complimenter le roi. — Demain, à dix heures, les chevaliers de l’ordre lui prêteront serment, et mardi, sans plus tarder, nous ouvrirons l’assemblée des états.

(La reine-mère fait un signe au chancelier et s’entretient avec lui à voix basse.)
UN GENTILHOMME. (M. de Lansac.)

Voilà qui commence assez bien. La reine n’a pas l’air novice.

SECOND GENTILHOMME. (M. de Maugiron.)

À la bonne heure ! nous aurons un roi.

M. DE LANSAC.

Un roi sans oncles !

TROISIÈME GENTILHOMME. (M. de Suze.)

Oui, mais gare aux cousins !

M. DE MAUGIRON.

Laissez faire, les oncles aussi ressusciteront ! Vous imaginez-vous qu’ils vont planter leurs choux ?

M. DE LANSAC.

S’ils ne mangent plus les nôtres, je me tiendrai pour content !

M. DE SUZE.

Que de feux de joie vont allumer ces funérailles ! que de gens vont respirer !