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REVUE DES DEUX MONDES.
LE ROI DE NAVARRE.

Seulement un mot…

LA REINE-MÈRE.

Je reviendrai… veuillez rester ici… la duchesse vous dira… Allons, ma fille. (La reine-mère et la reine sortent.)



Scène XV.

LE ROI DE NAVARRE, seul.

Me voilà bien traité ! Beau marché que j’ai fait là ! Encore un guet-apens ! Ce chancelier est son compère. Il me dit qu’il lui faut un mot pour Chavigny, que la reine me le donnera, je viens le demander, et, avant que j’ouvre la bouche, elle me tourne le dos. Si Condé le savait, se moquerait-il de moi ! Que faire maintenant ? Retourner vers ce chancelier ? Attendre ici ? Elle me l’a dit… attendons, (il s’assied.) Si, comme le prétend Ranty, les médecins se ravisent et reprennent espoir, elle en sera pour ses frais, cette pauvre reine. Le cadeau qu’elle tient de moi ne l’aura pas réjouie long-temps ! Quoi qu’il arrive, je la lui abandonne, cette régence. La ramasse qui voudra.



Scène XVI.

LE ROI DE NAVARRE, Mme DE MONTPENSIER.
LE ROI DE NAVARRE, se levant.

Ah ! vous voilà, chère duchesse ! Venez donc, ma mie ; la reine m’a promis que vous m’expliqueriez…

Mme DE MONTPENSIER.

Sire, un moment, je vous prie ; je suis si troublée…

(Elle s’approche d’une fenêtre et regarde avec attention en levant la tête.)
LE ROI DE NAVARRE.

Eh ! qu’avez-vous à regarder en l’air ?

Mme DE MONTPENSIER.

Nous venons de prendre un gros parti, le chancelier et moi.

LE ROI DE NAVARRE.

Faites-vous relâcher mon frère ?

Mme DE MONTPENSIER.

Nous n’en sommes pas là, bon Dieu !

LE ROI DE NAVARRE.

Mais que voulez-vous dire ?

Mme DE MONTPENSIER.

Au moment où vous quittiez le chancelier, je venais lui parler de la