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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

qui s’en va perdre la tête ! On doit déjà remarquer mon absence… que n’en dira-t-on pas ?.. Mais puis-je être partout à la fois ? Il faut que je l’attende, ce Navarrais, il faut en finir avec lui… Si je le manque, Dieu sait ensuite… Mais je l’entends, ce me semble… oui, c’est lui ; la duchesse lui parle… Asseyons-nous et calmons-nous.



Scène IX.

LA REINE-MÈRE, LE ROI DE NAVARRE.
LE ROI DE NAVARRE.

Je n’osais espérer, madame, de vous trouver ici ; on répand de si tristes nouvelles ! le roi se meurt, dit-on.

LA REINE-MÈRE.

Si le roi se mourait, mon frère, me verriez-vous tranquille à cette place ? Son mal est grave, mais la bonté de Dieu est infinie ! Asseyez-vous, je vous prie. Au moment où vous êtes entré, j’étais encore tout émue… je venais d’avoir la visite…

LE ROI DE NAVARRE.

De MM. de Guise ?

LA REINE-MÈRE.

Précisément, les avez-vous rencontrés ?… Ils semblaient triomphans. Je crains en vérité qu’ils n’en soient venus à leurs fins.

LE ROI DE NAVARRE.

Comment, madame ?

LA REINE-MÈRE.

Ce malheureux arrêt qu’ils ont toujours en poche, je crains qu’ils ne l’aient fait signer !

LE ROI DE NAVARRE.

Serait-il possible ?

LA REINE-MÈRE.

Je les en crois capables.

LE ROI DE NAVARRE.

Mais le roi est si faible !

LA REINE-MÈRE.

Ils lui auront conduit la main. Notez, mon frère, que je ne veux pas vous effrayer. Ce n’est de ma part qu’une conjecture. Mais ce qui est plus certain, car ils me l’ont dit eux-mêmes, ce qui me cause une sérieuse appréhension, c’est qu’ils tiennent enfin les pièces qu’ils cherchaient contre vous.

LE ROI DE NAVARRE.

Quelles pièces, madame ?