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REVUE DES DEUX MONDES.

bonnet, si j’en parle, c’est que je veux tout dire à votre majesté ; pour rien au monde, je n’en soufflerais mot à M. de Guise ; il est déjà bien assez furieux et pousse d’assez beaux cris ! Ne pourriez-vous l’inviter, madame, à me dire moins d’injures ?

LA REINE-MÈRE.

Ah ! mon pauvre Paré, je ne protège personne ici.

PARÉ.

Je l’ai prié d’appeler ses médecins. Nicole et Servais sont venus de Paris. Ils approuvent tout ce que j’ordonne. N’importe, M. le duc s’en va criant tout haut que, si nous le voulions bien, le roi serait hors d’affaire ; que, s’il ne guérit pas, c’est notre faute, que nous sommes des ânes et qu’il nous fera pendre !

LA REINE-MÈRE.

Que voulez-vous ? M. de Guise tempête, le cardinal fait brûler des cierges ; à chacun son métier, mon cher Paré… Laissez-les dire, et soignez bien le roi. Surtout faites-moi savoir d’heure en heure tout ce que vous aurez vu, tout ce que vous craindrez. Allez, Paré ; voici le chancelier, laissez-nous. (Paré salue la reine et sort.)



Scène II.

LA REINE-MÈRE, LE CHANCELIER.

LA REINE-MÈRE. Mon cher chancelier, j’ai grand besoin de vous. Nos Lorrains mettent bas les armes ; ils me demandent un entretien.

LE CHANCELIER.

Je m’y attendais.

LA REINE-MÈRE.

Leur confiance est à bout. Ils voient bien que cet enfant se meurt.

LE CHANCELIER.

Que dit Paré, madame ?

LA REINE-MÈRE.

Il est plus sombre. Il admet le poison.

LE CHANCELIER.

Ce misérable Écossais a décidément disparu.

LA REINE-MÈRE.

Il a manqué son coup, je le veux bien ; mais la secousse est assez forte pour briser cette faible santé.

LE CHANCELIER.

Je commence à le craindre.