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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
MISS SEYTON, en costume de chasse.

Oui, madame ; le roi est à cheval, il vous prie de descendre.

LA REINE.

J’y vais. Pardon, ma mère.

LA REINE-MÈRE.

Allez, ma belle… (Après un coup d’œil jeté sur la toilette de la reine.) Laissez-moi seulement réparer cet oubli… (Elle s’approche d’elle, et, tout en lui rattachant une agrafe, elle lui dit à voix basse :) Il n’ira pas, la duchesse en répond. — Au procès, maintenant… Je vais sonder votre oncle. (Haut.) Là, voilà qui est bien. Allez, et bonne chance.

LA REINE, saluant la reine-mère et le duc.

Ma mère, et vous, mon oncle, adieu ! (Elle sort, suivie de miss Seyton.)



Scène XIII.

LA REINE-MÈRE, LE DUC DE GUISE.
LA REINE-MÈRE.

Vous n’êtes donc point de cette chasse, monsieur le duc ?

LE DUC DE GUISE.

Non, madame ; je laisse au roi de Navarre un plaisir sans mélange.

LA REINE-MÈRE.

Le roi de Navarre ? Il ira, vous croyez ?… Je m’en étonne.

LE DUC DE GUISE.

Et moi aussi ; mais le roi est si bon !

LA REINE-MÈRE.

Ce qui m’étonne, ce n’est pas qu’on le prie, c’est qu’il accepte. Si vous aviez votre frère en tel danger, prendriez-vous de tels plaisirs ? Mais je vois ce que c’est, il compte sur le parlement…

LE DUC DE GUISE.

Libre à lui d’espérer.

LA REINE-MÈRE.

Que vous avez sagement agi, monsieur le duc, et que la réflexion vous a bien conseillé ! Continuez, croyez-moi ; laissez faire les magistrats. Quand la cour aura prononcé, tout le monde s’inclinera sans mot dire.

LE DUC DE GUISE.

Vous me félicitez, madame ; eh bien ! moi, je m’accuse d’avoir été si patient. Vos gens de justice en ont pris à leur aise. Savez-vous ce qu’ils ont fait ? De tous les côtés on s’agite ; en voici les nouvelles, (il lui montre des papiers qu’il tire de son pourpoint.) D’Andelot et l’amiral remuent la Normandie ; M. le connétable n’est plus à Écouen, on le dit en marche