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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LA REINE.

Et que faire pour le contenter, mon oncle ?

LE DUC DE GUISE.

D’abord ne pas avoir sa mère toujours auprès de vous : cela l’inquiète.

LA REINE.

La reine !… Elle me fuit un peu moins que de coutume, voilà tout. Du reste, nous nous aimons comme par le passé.

LE DUC DE GUISE.

Mais êtes-vous bien sur vos gardes ?

LA REINE.

Je la connais, mon oncle.

LE DUC DE GUISE.

Elle est si perfide, cette femme ! C’est elle, soyez sûre, qui a semé dans l’esprit de son fils ces ridicules soupçons dont il est possédé !

LA REINE.

Hélas ! mon oncle, je veux bien que la reine y soit pour quelque chose ; mais, par malheur, d’autres l’ont bien aidée !

LE DUC DE GUISE.

De qui parlez-vous ?

LA REINE.

J’ai le cœur trop serré pour en dire davantage… Mais cherchez près de vous, mon oncle, bien près de vous, vous trouverez.

LE DUC DE GUISE.

Marie !…

LA REINE.

C’est le roi qui m’en a fait l’aveu.

LE DUC DE GUISE.

Le roi s’est moqué de vous !… Votre oncle de Lorraine vous aime comme un père.

LA REINE.

Oui ; mais il aime tant à mal parler des femmes, que parfois il oublie de quel sexe je suis.

LE DUC DE GUISE.

Vous avez là des idées folles. Souvenez-vous, ma chère Marie, que nous sommes, votre oncle et moi, vos véritables et seuls amis. Il n’y a que venin chez cette couleuvre italienne. Sans elle, qui jamais, je vous le demande, se serait imaginé que la fille de notre sœur, nourrie par nous dans notre sainte religion, vertueuse et sage comme vous êtes, irait se prendre de pitié… pour qui ? pour un libertin qui se joue de toutes les femmes et qui vient de renier la messe aussi effrontément qu’il trahit ses amours !