Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/658

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
592
REVUE DES DEUX MONDES.
LA REINE.

Mon ami, vous savez comme il m’est attaché !

LE ROI se levant et regardant la toilette de la reine, qui est presque terminée.

Ma foi, mesdames, voilà qui est ajusté joliment ! Un galant costume, en vérité ! — Dites un peu, Marie, était-ce pour la grande chasse de Chambord que vous aviez préparé tout cela ?

LA REINE, à demi-voix.

François… pouvez-vous !…

LE ROI.

Allons, ne grondez pas… (Aux dames :) N’est-ce pas fait ?… Encore une agrafe… C’est tout, je crois ? Voyons, Marie, venez, que je vous parle. (Il s’assied.)

LA REINE, bas à miss Seyton.

Va, je te prie, dire à la duchesse que la reine peut venir. (Haut.) Que voulez-vous, mon cher seigneur ?

(Elle s’assied à côté du roi. — Miss Seyton et toutes les dames sortent.)

Scène VI.

LE ROI, LA REINE.


LE ROI.

Vous dire d’abord que jamais vous ne m’avez paru si charmante.

LA REINE.

Est-ce à mes nouveaux habits que je dois cette fortune ?

LE ROI.

Méchante, vous savez bien qu’on vous trouve plus belle à chaque fois qu’on vous voit. Mais aujourd’hui quelque chose vous embellit encore. Ce n’est point cet habit, c’est un peu moins de tristesse que tous ces jours passés. Vous n’avez plus ces airs distraits, cette pâleur…

LA REINE.

Ni vous ces façons brusques, ces colères… À la bonne heure, on vous reconnaît. Mais d’où vient, je vous prie, que vous étiez ainsi ?…

LE ROI.

Il ne faut pas m’en vouloir… Si vous saviez, Marie… mais non…

LA REINE.

Parlez, François.

LE ROI.

Si vous saviez ce qui me passait par la tête ?

LA REINE.

Quoi donc ?

LE ROI.

Que ce procès vous tenait au cœur, et même un peu le prisonnier.