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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LA REINE.

Jamais trop tôt, duchesse.

LE ROI, fermant son livre.

Vous oubliez donc, Marie, qu’il vous faut essayer cet habit de chasse, cet habit de Burgos ?… Mme de Montpensier :) Veuillez dire à ma mère que, par la rosée qu’il fait, nous ne chasserons qu’après midi ; elle a grand temps de venir trouver la reine.

Mme  DE MONTPENSIER, faisant une révérence.

Il sera dit comme vous l’ordonnez, sire.

LA REINE.

Adieu, duchesse ; c’est l’affaire d’un instant cette toilette…

(Mme de Montpensier sort.)

Scène V.

Les mêmes, moins Mme  DE MONTPENSIER.
LE ROI.

Savez-vous bien, Marie, que vous êtes au mieux avec ma mère ?

LA REINE.

Quand la reine me fait bonne grâce, faudrait-il donc la rudoyer ?

LE ROI.

Non, non, c’est à merveille ! De petites visites le matin, de petits mots à l’oreille… Voilà quinze jours que vous ne vous quittez plus.

LA REINE.

En êtes-vous jaloux, par hasard ?

LE ROI.

Jaloux ? moi ! oh non !… de personne. Rassurez-vous ! — Allons, mesdames, et cet habit ? mettez-vous donc à l’œuvre… Ne prenez pas garde à moi. (Il reprend son livre et se met à lire.)

LA REINE, à miss Seyton.

Vous entendez, Marie ? et vous, mesdames ?

MISS SEYTON.

Votre majesté veut-elle s’asseoir, nous lui poserons le chapeau.

(La reine s’assied ; ses dames l’entourent et travaillent à sa toilette.)
LE ROI, fermant son livre et regardant la reine.

Voilà qui va bien… très bien… mais, Dieu merci ! nous y mettons moins de temps, nous autres. Vous verrez, j’aurai bientôt fait tout à l’heure… Mon équipage est là… Pour cette fois, Stewart m’a compris ; ce n’est pas coutume. — Savez-vous, Marie, qu’il est bien maussade, votre père nourricier ?… S’il ne sifflait pas si bien les faucons à sa façon d’Écosse, il y a long-temps qu’il ne m’ennuierait plus, ce vieux loup-garou.