Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/654

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
588
REVUE DES DEUX MONDES.

et par nos amis d’Ecosse que, dans cette cour de damnation, vous conservez, comme moi, la crainte du Seigneur ; vous souvient-il de l’avertissement que je vous donnai il y a bientôt un mois ?

Mme  DE MONTPENSIER.

Assurément, vous me parlâtes d’une confession de foi que M. de Lorraine faisait dresser par ses sorbonnistes, de tel style qu’aucun vrai chrétien ne voudrait l’accepter.

STEWART.

Et j’ajoutais, je crois, que le roi la signerait le premier, puis qu’il enjoindrait à tous ses sujets, grands et petits, maîtres et serviteurs, y compris dames et damoiselles, de la signer sur bons registres devant greffiers et notaires, sous peine d’être dépouillés de leurs biens et de leur vie.

Mme  DE MONTPENSIER.

Oui, je m’en souviens.

STEWART.

Et cela vous parut chimères et visions.

Mme  DE MONTPENSIER.

Comment croire à pareille frénésie ?

STEWART.

Eh bien ! savez-vous ce que, ce matin, j’ai trouvé sur la table du roi ? Cette confession, madame, signée François, et ces mots à la marge : Expédier à tous les parlemens et bailliages aussitôt après bonne issue du procès.

Mme  DE MONTPENSIER, vivement.

Ces mots, vous les avez vus ?..

STEWART.

Oui, madame, de la main du cardinal. Vous voyez que je ne rêve pas toujours. — Que vont faire nos frères ? Que ferez-vous, madame ? Quant à moi, je ne me soumettrai pas. J’en mourrai peut-être de chagrin. Ne plus voir ma bien-aimée maîtresse ! mais mon parti est pris. — Je serais déjà loin, si je n’avais une tâche à remplir.

Mme  DE MONTPENSIER.

Que dites-vous ?

STEWART.

Une faute à réparer !

Mme  DE MONTPENSIER.

Une faute ? vous, Stewart ?

STEWART.

Il est quelqu’un que je dois sauver, madame.

Mme  DE MONTPENSIER.

Et qui donc ?