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toutes les villes de la péninsule. Le roi qui passait pour le moins libéral de l’Italie avait en quelques instans laissé loin derrière lui, par ces concessions inattendues, tous les autres princes. Il ouvrait une ère nouvelle. L’inauguration à Naples du système constitutionnel, cette forme la plus populaire de la liberté romaine, ravit de joie tous les patriotes italiens ; les gouvernemens de Rome, de Florence et de Turin en furent singulièrement effrayés. Ils avaient chez eux quelque chose de plus dangereux qu’une constitution, si libérale qu’elle fût ; ils avaient des presses clandestines, des clubs en permanence, des émeutes triomphantes ; il leur répugnait de franchir ce pas nouveau. Il fallut cependant s’exécuter de bonne grace et concéder par avance ce qu’il était impossible de refuser long-temps. À Florence, à Livourne, des constitutions furent publiées sur le modèle de celle de Naples. À Rome, l’hésitation fut plus grande. Les formes d’un gouvernement constitutionnel étaient-elles compatibles avec l’existence du pouvoir du chef de l’église ? Une commission fut nommée pour examiner cette question ; elle se mit en rapport avec M. Rossi. Le courrier qui portait à Paris un mémoire de l’ambassade de France sur cet important sujet se croisa avec celui qui venait annoncer à Rome la nouvelle de la révolution de février. Il faudrait, on le voit, méconnaître les faits et les dates pour prétendre, comme l’ont fait depuis un an plusieurs orateurs et publicistes, que le mouvement révolutionnaire de Paris arracha aux souverains d’Italie l’octroi des chartes constitutionnelles. Elles étaient déjà concédées à Naples, à Turin et à Florence ; à Rome même, on s’engageait dans cette voie ; Quel fut à Naples l’effet des événemens de Paris, nous allons le dire en terminant.

Au plus fort des troubles de la Sicile, lord Napier, chargé d’affaires d’Angleterre, que l’opinion publique, à Naples, disait fort mêlé aux scènes qui se passaient de l’autre côté du Phare, vint trouver le duc de Serra-Capriola et lui offrit ses bons services pour le gouvernement napolitain, lui déclarant qu’il comptait se rendre en Sicile dans l’espoir de ramener à la raison les sujets de sa majesté sicilienne. Le duc de Serra-Capriola ne fit pas d’objection à ce voyage. M. le comte de Montessuy, chargé d’affaires de France depuis la mort de M. Bresson, inquiet de l’influence que son collègue d’Angleterre pourrait exercer en pareille occurrence, témoigna au ministre des affaires étrangères de Naples le désir de se rendre aussi en Sicile. Le duc de Serra loua sa détermination et l’en remercia. Comme M. de Montessuy annonçait à lord Napier le projet de l’accompagner dans son excursion à Palerme, celui-ci, évidemment contrarié, lui répondit : « Si c’est pour arranger les affaires de Sicile, croyez-moi, mon cher collègue, ne vous en mêlez pas. En Chine ou partout ailleurs, la France et l’Angleterre pourraient