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REVUE DES DEUX MONDES.

croyez-moi. Vous le verrez, je m’y attends, ils me renverront à Florence.

LE CHANCELIER.

Quelle idée, madame ! jamais le roi…..

LA REINE-MÈRE.

Mon salut, c’est le salut des princes. Il faut que je les sauve, il le faut ; et je ne vois qu’un moyen de les sauver à coup sûr, c’est de les faire évader.

LE CHANCELIER.

Impossible, madame…

LA REINE-MÈRE.

Oh ! si j’étais aidée…

LE CHANCELIER.

Vous tenteriez en vain… J’ose vous en prier, n’essayez pas.

LA REINE-MÈRE.

Vous croyez ?

LE CHANCELIER.

C’est leur mort ! leur mort certaine !

LA REINE-MÈRE.

Mais au moins, chancelier, gouvernez si bien ce procès…

LE CHANCELIER.

Madame, le prince fût-il coupable, ce qui n’est pas, j’espère, il a pour sauvegarde cette raison d’état qui défend qu’il succombe devant de tels ennemis. N’est-ce pas vous dire ce que doit faire un serviteur de la couronne…

LA REINE-MÈRE.

Ah ! monsieur de L’Hospital, je l’ai souvent pensé, il n’y a que vous, et moi qui aimions d’amour vrai le roi et ce pauvre royaume ! Adieu. Ne m’abandonnez pas… je compte sur vous !

LE CHANCELIER.

Comptons sur Dieu, madame !

(Il s’incline. La reine-mère entre dans son appartement.)
UN HUISSIER, sortant du vestibule.

Le secrétaire du conseil, envoyé par monseigneur de Lorraine, demande à voir monsieur le chancelier.

LE CHANCELIER.

Dites à M. Robertet qu’il passe demain chez moi. À cette heure, je n’ai que faire de ses services. (Il sort.)


FIN DU TROISIÈME ACTE.


L. Vitet.