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REVUE DES DEUX MONDES.
LE DUC DE GUISE.

Robertet a le mot ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Oui.

LE DUC DE GUISE.

Poussez-y le chancelier… Parlez-lui ferme, et ne badinez pas avec ce cafard-là.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Vous allez, s’il vous plaît, lui faire la leçon vous-même. Le voici. C’est sans doute Cypierre qui nous l’envoie.



Scène XXV.

Les mêmes, LE CHANCELIER.
LE CHANCELIER, au duc de Guise.

Monseigneur, vous me faites appeler ?

LE DUC DE GUISE.

Oui, monsieur. J’ai peu de mots à vous dire. Le roi vous tient pour fidèle serviteur ; mais il veut, vous m’entendez, que ce procès marche grand train.

LE CHANCELIER.

Monseigneur, il faut y mettre les formes de justice.

LE DUC DE GUISE.

Il faut surtout faire diligence. Il s’agit du salut du roi, et le crime est prouvé.

LE CHANCELIER.

Prouvé, monseigneur ? Vous voulez dire qu’il y a présomption, et c’est pourquoi j’ai dû signer le décret de prise de corps ; mais, de la présomption, il faut passer aux preuves.

LE DUC DE GUISE.

Ce sera vite fait, pourvu qu’on le veuille bien.

LE CHANCELIER.

Remarquez, monseigneur, que nous n’avons ni lettres ni aveu de M. le prince ; s’il s’obstinait à nier ou seulement à se taire, nous ne pourrions le déclarer atteint et convaincu qu’après enquête, contre-enquête, audition de témoins…

LE DUC DE GUISE.

En voilà pour six mois, monsieur.

LE CHANCELIER.

Non, monseigneur, deux ou trois tout au plus.

LE DUC DE GUISE.

Comme vous y allez ! Je ne vous donne seulement pas huit jours ; prenez-y garde !