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REVUE DES DEUX MONDES.
LE DUC DE GUISE.

Eh bien ! n’en faites pas, mais n’appelez que les bons.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Choisir ? ce ne sera plus l’ordre : autant vaudrait prendre les premiers venus.

LE DUC DE GUISE.

Prenez qui vous voudrez, pour Dieu ! mais allons vite. Si ce malheureux procès languit, il n’aboutira pas. Est-ce là votre compte ? Le fossé est franchi ; coûte que coûte, il faut aller au but. Arrangez-vous comme vous l’entendrez, choisissez la forme qui vous plaira, dissertez avec le chancelier sur tous les procès des princes du sang depuis le commencement du monde, je ne m’en mêle plus, pourvu que dans huit jours, ne l’oubliez pas, dans huit jours au plus tard, vous me donniez ce qu’il nous faut.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Eh bien ! voici mon plan, le chancelier l’accepte.

LE DUC DE GUISE.

Peste ! ce doit être beau !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Une commission du parlement viendra faire ici l’instruction. Cinq membres, c’est assez. Nous pouvons les avoir sous trois jours. J’ai fait mon choix. Je prends Viole, Bourdin, Faye, Dutillet et, comme il faut un nom qui sonne bien, le président de Thou.

LE DUC DE GUISE.

Mais êtes-vous sûr ?…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

J’en fais mon affaire. Je sais comment le prendre. — Jusque-là nous sommes d’accord avec le chancelier. Mais il s’imagine qu’une fois l’arrêt dressé nous irons le soumettre au parlement toutes chambres réunies. Dieu nous garde d’un tel enfantillage…

LE DUC DE GUISE.

À la bonne heure.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Ces cascades judiciaires ne servent qu’à perdre le temps. Si l’arrêt nous semble bon, et il le sera, nous le porterons purement et simplement en conseil du roi, qui le confirmera, omisso medio. Vous comprenez ?

LE DUC DE GUISE.

À peu près… Continuez toujours.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

La procédure ayant été conduite par les gens de parlement, on ne pourra pas dire que nous jugeons sans forme de procès, et cependant,