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REVUE DES DEUX MONDES.
LE ROI DE NAVARRE, saisissant la main du prince.

Mon frère…

LE CARDINAL DE BOURBON, serrant aussi la main de son frère.

Quel désespoir !

LE ROI DE NAVARRE.

J’aurai raison de cette indignité !… Le roi m’écoutera…

LE PRINCE DE CONDÉ, à demi-voix.

Songez à vous, mon frère… Si votre royauté vous sauve des verrous, ne vous en croyez pas plus libre pour cela… Voilà M. de Brézé qui doit en savoir quelque chose : il m’a l’air de ne pas vous perdre de l’œil à quatre pas. Surveillez-vous et parlez peu. Adieu.

LE ROI DE NAVARRE, avec émotion.

Adieu !

(Le prince de Condé jette un dernier regard vers la reine et sort. Il est précédé par Chavigny et suivi par les archers écossais.)



Scène XVIII.

Les mêmes, moins LE PRINCE DE CONDÉ et CHAVIGNY.
LA REINE-MÈRE, au roi de Navarre après un moment de silence.

Allons ! mon frère, c’est à nous de le tirer de là ! J’oublie ses injures, ses soupçons. C’est en le sauvant que je me vengerai… Venez, entrons chez le roi…

M. DE BRÉZÉ.

Le roi, madame, est en conseil.

LA REINE-MÈRE.

Et qu’importe ?

M. DE BRÉZÉ.

Vous ne pouvez lui parler, madame.

(Sur un signe de M. de Brézé, les deux hallebardiers placés devant la porte croisent leurs hallebardes.)
LA REINE-MÈRE.

Avez-vous donc aussi un décret contre moi ?

LA REINE, qui jusque-là est restée comme étrangère à tout ce qui s’est passé, se retourne et s’avance vers la porte.

Faites lever ces hallebardes, monsieur, je veux passer. (M. de Brézé fait un pas en arrière ; les hallebardes se lèvent. La reine s’avance vers la porte et dit en se retournant :) Venez, ma mère !…

(Au moment où M. de Brézé semble vouloir empêcher la reine-mère et le roi de Navarre de suivre la reine, le duc de Guise paraît à la porte.)