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REVUE DES DEUX MONDES.
LA REINE-MÈRE, à demi-voix.

Très bien. Ils regardaient le jeu, Brissac tenait les cartes.

LA REINE.

Après quelques instans, le roi m’a priée de retourner vers vous et de bien recevoir nos cousins.

LA REINE-MÈRE.

Si Dieu le permet, ma fille, nous n’aurons personne à recevoir.

LA REINE.

Pensez-vous qu’ils ne viendront pas ?

LA REINE-MÈRE.

Je l’espère, et je vois que vous le désirez. — Vous saviez donc ce qu’on leur réservait ?

LA REINE.

Non, ma mère… mais… je voyais vos craintes, et…

LA REINE-MÈRE.

Ah ! monsieur de Brissac, ce n’est pas assez d’avoir volé à Condé son gouvernement de Picardie, il vous faudrait encore Vous comptez sans votre hôte.



Scène XII.

Les mêmes, Mme  DE MONTPENSIER.
Mme  DE MONTPENSIER, entrant précipitamment.

Madame, il était trop tard… les princes sont en ville.

LA REINE-MÈRE.

Que dites-vous, duchesse !

LA REINE, à part et la voix étouffée.

Les princes !

Mme  DE MONTPENSIER.

Ils s’approchent, madame ; dans un instant ils seront ici. Je les ai reconnus de loin, à l’autre bout de l’Étape. Le cardinal et son cousin sont seuls avec eux.

LA REINE-MÈRE.

Seuls !

Mme  DE MONTPENSIER.

Oui, seuls. La place est couverte de soldats ; les princes la traversent entre deux haies de hallebardiers.

LA REINE-MÈRE.

Quelles ridicules précautions !

Mme  DE MONTPENSIER.

Les grandes portes de l’hôtel sont fermées et barricadées comme s’il fallait soutenir un siège.