Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/476

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
410
REVUE DES DEUX MONDES.
LE PRINCE DE CONDÉ.

Non, je ne fais rien à demi. Ou dix mille hommes bien armés, ou dix valets sans armes. Je n’ai pas les dix mille hommes, je prends les dix valets. Merci, mon ami, gardez vos gens ; ils ne pourraient que nous compromettre.

LE ROI DE NAVARRE, s’approchant des ministres.

Allons, messieurs, modérez ce chagrin. Dans quelques jours vous serez rappelés, vous aurez votre grâce.

PERRAULT.

Notre grâce, sire ! demandez d’abord la vôtre ; demandez-la bien humblement, et Dieu veuille que vous l’obteniez !

LE PRINCE DE CONDÉ, bas à son frère.

Qu’avez-vous donc, Antoine ?

LE ROI DE NAVARRE. Rien… ce n’est rien.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Allons, partons.

LE ROI DE NAVARRE, avec hésitation.

Je vous suis.

LE PRINCE DE CONDÉ, à part.

D’où vient que je me sens si combattu ?… (Haut.) Adieu, mon cher oncle… Adieu, messieurs.

LE CONNÉTABLE, sans se détourner.

Adieu.

(D’Andelot suit les princes jusqu’à la galerie et revient auprès du connétable. Ils se serrent la main en silence. — Les ministres restent au fond de la salle dans un grand abattement. Dardois est auprès d’eux. — Sainte-Foy sort avec les princes. — Bouchard, après avoir accompagné le roi de Navarre jusqu’à la galerie, rentre dans la salle.)



Scène XV.

Les mêmes, moins LES PRINCES et SAINTE-FOY.
BOUCHARD, à part.

Enfin, les voilà partis !… Il était temps, la girouette commençait à virer…

LE CONNÉTABLE, se retournant.

Approchez, Dardois. Vous rêviez donc tantôt ?…

DARDOIS.

Je vous jure, monseigneur, que M. le prince me l’avait dit de sa propre bouche…

LE CONNÉTABLE.

Les oreilles vous cornaient.