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REVUE DES DEUX MONDES.
LE CONNÉTABLE.

Elle serait déjà morte, si votre dessein lui était connu ! Il lui souvient d’Amboise. Mon neveu, vous l’attendrez, je pense ?

LE PRINCE DE CONDÉ.

L’attendre, je le voudrais… mais…

D’ANDELOT, bas au connétable.

S’il s’entête à se perdre, il l’aura bien voulu !

LE PRINCE DE CONDÉ, à Sainte-Foy.

Dites à De Vaux de s’en retourner. Je répondrai plus tard à la princesse. Écoutez, Sainte-Foy. (Il baisse la voix.) Que tous mes gens montent à cheval et sortent du château. Ils m’attendront sur le chemin d’Orléans. Vous m’avez compris ?

SAINTE-FOY.

Oui, monseigneur.

(Il sort.)
LE PRINCE DE CONDÉ, bas au roi de Navarre.

Êtes-vous prêt à partir, Antoine ?

LE ROI DE NAVARRE, bas.

Assurément.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Vos gens sont avertis, vos mulets chargés ?

LE ROI DE NAVARRE.

Oui ; mais qui nous presse ?

LE PRINCE DE CONDÉ.

Si nous ne brusquons les choses, nous ne partirons pas.

LE ROI DE NAVARRE.

Mais expliquez-moi…

LE PRINCE DE CONDÉ, baissant encore plus la voix.

Vous voyez bien qu’on nous coupe le passage. Cela me fatigue, il faut en finir.

LE ROI DE NAVARRE.

Mieux vaudrait, selon moi, n’y point aller ensemble.

LE PRINCE DE CONDÉ.

En vérité, cela vous conviendrait ?

LE ROI DE NAVARRE.

Pourquoi nous exposer tous les deux ?

LE PRINCE DE CONDÉ.

Je comprends…

LE ROI DE NAVARRE.

C’est à vous surtout qu’on en veut !

LE PRINCE DE CONDÉ.

Très bien.