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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
DARDOIS.

Nous avons la goutte, monseigneur, pour ne pas aller aux états ; mais cette goutte-là ne rend pas bien malade. Si nous sommes en retard, la faute en est aux six cents lances qui marchent avec nous ; il a fallu faire tant de haltes d’Écouen jusqu’ici I sans compter de longs détours pour éviter les bandes de Picardie qui se rendent à Orléans.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Encore des gens de guerre pour Orléans ! Voilà des états qui seront bien gardés !

DARDOIS.

Oui, monseigneur, et qui n’en seront pas plus sûrs. Ces pauvres députés ne s’y trompent guère ; à voir avec quelles figures ils quittent leurs provinces, on dirait qu’ils vont ramer pour le service du roi.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Bien fou qui se laisse prendre à monter sur cette galère !

DARDOIS.

Ah ! monseigneur, quelle joie pour M. le connétable quand vous lui tiendrez ce langage ! Il vous suit avec tant de souci depuis que vous avez quitté Nérac ! Il appréhendait si fort que votre dessein ne fût d’aller plus avant !

LE PRINCE DE CONDÉ.

Non pas, s’il vous plaît.

DARDOIS.

Et moi, monseigneur, j’avais tant de hâte de vous confier des choses que je n’osais vous écrire !… J’ai passé de si mauvaises nuits depuis que ce malheureux Lassalgue……

LE PRINCE DE CONDÉ.

Lassalgue ?

DARDOIS.

Doutez-vous qu’il soit au pouvoir de MM. de Lorraine ? et savons-nous ce qu’il leur aura dit ?

LE PRINCE DE CONDÉ.

Oh ! pour cela, soyez tranquille. Il est fidèle comme tous nos Basques. Qu’il soit pris, qu’il soit mort, à la bonne heure ; mais qu’il ait parlé, je n’en crois rien, Dardois.

DARDOIS.

Alors MM. de Lorraine sont de bien grands sorciers.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Comment ?

DARDOIS.

Avoir déjoué tout juste et point pour point tout ce que nous vous mandions.