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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

reine-mère, encore mieux ! — À mes cousins de Bourbon. Voilà, j’espère, du renfort pour ce cher cardinal. Allons, portons vite tout cela, (il fait quelques pas vers la chambre à coucher.) Mais n’est-il pas prudent de s’assurer d’abord du contenu ? (il regarde les lettres.) Ces sceaux-là se lèveront aisément. Sachons de quoi il s’agit, c’est plus sûr. Et ce colifichet (Montrant le cachet aux armes d’Ecosse.), quel usage en ferons-nous ? Tout cela vaut bien la peine de se recueillir quelques instans.

(Il se dirige vers la galerie.)

Scène IV.

LE ROI DE NAVARRE, sortant de sa chambre à coucher, suivi du PRINCE DE CONDÉ.
LE ROI DE NAVARRE.

Holà ! Bouchard, où allez-vous ?

BOUCHARD, revenant sur ses pas.

Sire ?…

LE ROI DE NAVARRE.

Écoutez, vous allez descendre aux écuries ; vous y verrez mon frère le cardinal et M. d’Armagnac qui font brider leurs mules. Je ne veux pas qu’ils partent sans m’avoir dit encore quelques paroles. Allez, Bouchard, ne tardez pas. (Bouchard sort.)


Scène V.

LE ROI DE NAVARRE, LE PRINCE DE CONDÉ.
LE PRINCE DE CONDÉ.

Vive Dieu ! mon frère, quel courage ! Vous n’en avez donc pas assez de leurs sermons ? Vous voulez recommencer ?

LE ROI DE NAVARRE.

Quelques mots seulement.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Pour moi, tout est dit, je n’irai point.

LE ROI DE NAVARRE.

Vous en êtes le maître.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Me jeter, en plein jour, dans une chausse-trappe ! Il n’y a que les fous qui se donnent ces plaisirs-là.

LE ROI DE NAVARRE.

Les fous, les fous… Vous croyez-vous bien sage, d’avoir rudoyé de la sorte notre frère et M. d’Armagnac ? Ils s’en vont tout marris. Je veux me séparer d’eux en meilleurs termes.