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les mêmes plaintes se sont fait entendre. Il y a vingt ans qu’on raconte les pérégrinations forcées du fer de gaffe. En simplifiant les moyens d’action administrative, on simplifierait nécessairement la description des faits qui est l’unique mission de la comptabilité.

Quoi qu’il en soit, la bonne reddition des comptes de la marine est une des conditions essentielles de son avenir. Plus les comptes seront simples, mieux ils vaudront ; ils ne seront jamais plus simples que s’ils persuadent l’opinion toujours soupçonneuse dans ce pays, où le doute domine tous les esprits, et sous notre forme de gouvernement, où chaque assemblée nouvelle apportera des préventions qu’il faudra chaque fois pouvoir dissiper. À ce point de vue, les comptes de 1845 et de 1846, établis d’après le nouveau système, produiront d’heureux effets. Ils constatent que les approvisionnemens se sont accrus, en 1845, d’une valeur de 7 millions de francs ; en 1846, de 21 millions ; que les prévisions ont été dépassées, en 1845, pour l’exécution des constructions navales et que les travaux prévus pour 1846 ont été exactement accomplis. Les bois de construction ont pris une forte part dans l’augmentation des approvisionnemens. Ils ont été accrus de 7,000 stères en 1845, de 21,500 stères en 1846 ; et il est à noter que la loi des 93 millions votée en 1846 pour être appliquée à compter de 1847 n’a pu influer sur les résultats obtenus pendant les deux années précédentes. Ces résultats très honorables pour l’administration, qui a su pourvoir à tous les besoins imprévus sans cesser, pour cela, de remplir les obligations qu’elle s’était tracées, constatent un progrès qu’il est bien important de maintenir désormais. Ce doit être pour tous ceux qui aiment la marine une vive satisfaction de pouvoir opposer à des critiques passionnées une réponse basée sur des faits dont l’authenticité est inattaquable.

Quelques mots encore, avant de quitter le terrain administratif, sur l’organisation centrale. Il faut qu’elle soit simple pour être bonne. Le projet de loi sur le conseil d’amirauté ne compliquera-t-il pas au lieu de simplifier ? N’arrivera-t-on pas, sans le vouloir, à créer deux ministères au lieu d’un seul ? Sans nous arrêter trop long-temps sur ce terrain, nous dirons que l’administration centrale serait pour nous complètement organisée, si elle formait, par la réunion des directeurs autour du ministre, ce que la réunion des chefs de service dans les ports forme autour du préfet, un conseil d’administration. Le ministre, présidant ce conseil et gardant toute sa liberté de décision, y verrait les affaires par l’ensemble au lieu de les voir par le détail. Les affaires faites en commun marcheraient plus vite. Chacun des directeurs serait chargé, sous sa responsabilité, de donner cours aux affaires secondaires après examen sommaire en conseil. Le ministre, dégagé de la surcharge des détails, pourrait consacrer son temps aux grandes affaires et, plus libre dans le présent, s’occuper des questions d’avenir. Une belle part appartiendrait encore