Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE ROI.

Eh ! oui, à la mode de nos sujets d’Écosse. Quand les gens vont nu-jambes, ne sont-ce pas des sauvages ? (Se tournant vers la reine.) Comme il vous regardait ce jour-là, le petit cousin !

LA REINE.

Vous l’avez rêvé, François.

LE ROI.

Allons, allons, ne faites pas l’ignorante….. Moi, cela me plaisait peu ; aussi mon bon ami Condé…

LA REINE-MÈRE, l’interrompant.

Mais vous n’avez à son endroit que de bons desseins, j’espère ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Cela n’est pas douteux.

LA REINE-MÈRE.

Laissez-le dire, cardinal. (Le cardinal fait un signe au roi.)

LE ROI.

Assurément, bonne mère, de bons desseins.

LA REINE-MÈRE, reprenant sa plume.

Eh bien ! voyons, que voulez-vous que j’écrive ? « La reine, notre chère fille… »

LE CARDINAL DE LORRAINE, au roi.

Si vous disiez ceci : « La chasse est belle à Chambord… »

LE ROI.

Ah ! oui…

LA REINE-MÈRE.

Très bien.

LE CARDINAL DE LORRAINE, continuant.

« La reine, notre chère fille, ne veut l’ouvrir qu’en compagnie de messieurs ses cousins… »

LE ROI.

C’est cela !

LA REINE, à part.

Quel supplice !

LE ROI, à sa mère.

Encore un mot : « Manqueront-ils au rendez-vous ? » N’est-ce pas, mon oncle ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

À merveille. (Se penchant vers la reine-mère et à demi-voix :) Il met les points sur les i.

LE ROI, à la reine qui laisse voir un grand dépit.

Que vous êtes étrange, Marie ! il faut bien rire quelquefois !