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REVUE DES DEUX MONDES.

LA REINE.

Vous êtes bien peu charitable, François !

LE ROI.

Et vous bien peu docile. Voyons, écrivez

LA REINE.

Non, je n’écrirai pas.

LE ROI.

Eh bien ! pour la punir, écrivez, vous, ma mère, ce que je vais vous dire.

LA REINE.

Pas en mon nom, j’espère ?

LE ROI.

Et pourquoi pas ?

LA REINE.

Jamais en vérité on ne vit telle chose ! (Se tournant vers M. de Guise.) Qu’en dites-vous, mon oncle ?

LE DUC DE GUISE, assis et jouant avec ses gants.

Vous le prenez trop vivement… On ne veut que badiner.

LA REINE, à part.

Quel badinage !… un guet-apens !

LE ROI, à la reine-mère.

Avez-vous terminé votre lettre, ma mère ?

LA REINE-MÈRE.

Oui… (Lisant ce qu’elle achève d’écrire.) « Je prie Dieu, mes frère et cher cousin, qu’il vous ait en sa sainte miséricorde… »

LE ROI.

Ma foi ! si Dieu vous exauce, c’est qu’il n’y regarde pas de près. N’importe, voulez-vous ajouter en post-scriptum : « La reine, notre chère fille… »

LA REINE.

François ! je vous en supplie !…

LE ROI.

Non, laissez, cela m’amuse… (S’adressant au cardinal.) Voyons, mon oncle, que faut-il dire ? Je sais bien, moi, ce qui ferait venir Condé du bout du monde…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Eh bien ! dites…

LE ROI.

S’il devait la revoir, comme ce certain jour à Saint-Germain, dans son habillement de sauvage…

LA REINE-MÈRE, riant.

De sauvage ?…