Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
REVUE DES DEUX MONDES.

du doigt la reine qui continue à s’entretenir avec le roi.) Détachez-moi un de ces rubans tressés à ces blonds cheveux, ou bien donnez-moi deux lignes écrites de cette main si mignonne, et dès demain, je vous en réponds, ils seront ici… Eh ! mais, quels yeux vous faites !

LE DUC DE GUISE.

Comment, ils oseraient !

LA REINE-MÈRE.

Pourquoi vous fâcher si rouge ? Vous n’êtes pas le roi, seigneur duc. (À part.) En tiendrait-il aussi pour elle ?

LE DUC DE GUISE.

Je ne suis pas le roi, non, madame, mais l’honneur de ma nièce

LA REINE-MÈRE.

Que parlez-vous d’honneur, bon Dieu ! Perd-on l’honneur pour être aimée ?

(Le cardinal s’approchant de son frère, la reine-mère se détourne et se remet à écrire.)
LE CARDINAL DE LORRAINE, bas au duc de Guise.

C’est vous qui perdez tout, François, si vous ne la laissez faire. Elle est sur la voie, croyez-moi. Bouchard me l’avait dit…

LE DUC DE GUISE, bas.

Encore votre Bouchard !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Écoutez-moi… (Il lui parle très bas et avec vivacité.)

LE DUC DE GUISE, à demi-voix.

Non, c’est un mauvais jeu.

LE CARDINAL DE LORRAINE, bas.

Eh bien ! ne vous en mêlez pas… mais laissez-nous faire !

(Le duc de Guise va s’asseoir à l’écart.)
LA REINE, bas au roi. Depuis un moment elle tourne souvent les yeux vers la reine-mère et MM. de Guise.

Que se disent-ils donc ?

LE ROI.

Laissons-les se débattre ; je ne suis pas curieux.

LA REINE.

Pourquoi regardent-ils ainsi de notre côté ?

LE ROI, élevant la voix et s’adressant au cardinal de Lorraine.

Vous ne savez pas, mon oncle, Marie croit que vous parlez d’elle.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Elle ne se trompe guère. La reine, votre bonne mère, ne veut pas écrire seule à MM. vos cousins ; il faut que nous l’aidions tous… Marie