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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LA REINE, assise auprès du roi, à demi-voix.

François, vous expliquez-vous la paix qui règne ici ?

LE ROI, à demi-voix.

Non, vraiment. Et je ne sais d’où vient que ma mère est si friande de ce Navarre et de ce Condé. Quant à nos oncles, ils ne me l’ont pas dit ; mais je gage qu’ils ont la même idée que moi.

LA REINE.

Quelle idée ?

LE ROI.

Que si nous les attrapons, ma mie, il ne faudra pas les lâcher.

LA REINE.

Ah ! bon Dieu ! c’est donc un piège ?

LE ROI.

Le grand mal ! La cousine d’Albret a son Bèze pour la consoler et la Limeuil se passera bien de Condé pour faire ses couches.

LA REINE.

Fi donc ! qui vous apprend ces vilains propos-là ?

LE ROI, riant.

C’est l’oncle de Lorraine.

LA REINE.

Ah ! je ne vous crois pas.

(Le roi lui répond à voix basse, et ils continuent leur a-parte.)
LA REINE-MÈRE, achevant de causer avec le cardinal, mais élevant un peu la voix.

Oui, monsieur le cardinal, tous les deux, je vous l’assure, tous les deux.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

On m’avait dit Condé… et je le comprenais ; mais l’autre…

LA REINE-MÈRE, riant.

À qui mieux mieux !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Quels fous !

LA REINE-MÈRE.

C’est de famille ; le vieux Vendôme leur a donné sa complexion amoureuse.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Et ça veut gouverner l’état !

LE DUC DE GUISE, s’approchant de son frère.

De qui parlez-vous donc ?

LA REINE-MÈRE, toujours à demi-voix.

De nos princes, monsieur le duc, et d’un merveilleux talisman pour les ramener au devoir. Voulez-vous qu’on vous l’enseigne ? (Montrant