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REVUE DES DEUX MONDES.

grandeur de mon fils. Voyons, messieurs, voulez-vous jouer franc jeu ? Mon cœur va se rouvrir aux vôtres. Il ne tient qu’à vous de fermer ses blessures ; prouvez-moi seulement que vous êtes les vrais, les bons amis du roi. Et, certes, vous m’en donnerez un sincère témoignage, si je vous vois m’aider à ramener les princes au devoir, au lieu de les pousser à de coupables extrémités.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Si les bonnes grâces de votre majesté sont à ce prix, je puis dire qu’elles nous sont rendues.

LE DUC DE GUISE.

Parlez, madame, que faut-il faire ?

LA REINE-MÈRE.

Quittez le ton de la menace, et faites voir à ces princes que, s’ils sont fidèles sujets, ils auront affaire à un bon maître et bon parent ; donnez-leur l’assurance qu’ils seront reçus selon leur état et dignité ; qu’ils s’en retourneront quand bon leur semblera ; que, pour le fait même de la religion, ils n’auront à souffrir ni trouble ni reproche. Voilà ce qu’il faut leur dire, mais tout de bon, messieurs, sans quoi je ne me mêle de rien, je vous en avertis.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

La reine peut écrire en notre nom comme au sien, nous souscrivons à tout ; n’est-il pas vrai, mon frère ?

LE DUC DE GUISE.

À tout.

LA REINE-MÈRE.

Ce n’est pas assez d’écrire, je voudrais leur envoyer quelqu’un qui possédât leur créance et qui pût leur dire : J’ai vu le roi, il m’a donné sa parole de roi ; MM. de Guise m’ont engagé leur foi de gentilshommes… Cela les toucherait plus qu’une lettre.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

La reine a raison.

LA REINE-MÈRE.

Tout à l’heure, chez le roi, ce bon cardinal offrait d’aller à leur rencontre. Il gémissait de voir ses frères un pied dans la rébellion, et se faisait fort de nous les amener. Il m’est avis qu’on pourrait accepter ; qu’en pensez-vous ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Tout ce qu’ordonnera la reine sera bien fait.

LA REINE-MÈRE.

S’il est ainsi, cardinal, obligez-moi d’appeler quelqu’un. (Le cardinal se lève et fait signe à un huissier placé dans le vestibule. L’huissier entre. La reine-mère s’adressant à lui :) Mon ami, entrez chez le roi ; si M. le cardinal de