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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE CARDINAL DE LORRAINE.

Oh ! vous me faites rire ! la reine ?

BOUCHARD.

Ne riez pas… Je crois en être sûr.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Il est bien assez fou… mais non… la place est imprenable ; ce n’est pas son affaire ; il lui faut autre chose que des rêves.

LE DUC DE GUISE, se levant et faisant signe au cardinal de congédier Bouchard.

Voyons, mon frère…

LE CARDINAL DE LORRAINE, à Bouchard.

Je vous remercie, monsieur le chancelier. Continuez de nous bien servir, nous continuerons de penser à vous. Allez ; bientôt, j’espère, Vous aurez de mes nouvelles. (Il ouvre la porte. Bouchard fait de profonds saluts et sort. Le cardinal, élevant un peu la voix et parlant à quelqu’un qu’on ne voit pas.) Péricaud, reconduisez monsieur ; vous savez…



Scène XIV.

LE CARDINAL DE LORRAINE, LE DUC DE GUISE.


LE CARDINAL DE LORRAINE, après avoir fermé la porte et s’être rapproché de son frère.

Eh bien ! mon cher François, que vous en semble ? Nos projets sont bien malades. Quand même on nous ramènerait Navarre, il n’y a rien à tenter sur Condé, et c’est lui qu’il faudrait tenir !… Ainsi, partie remise ! Encore une fois, vous l’avez bien voulu.

LE DUC DE GUISE.

Partie remise ! et pourquoi ? Vous oubliez à qui vous avez affaire. Les étourdis se gouvernent au rebours des autres hommes. Par la même raison qu’ils ont sottement failli de venir à Fontainebleau, il y a gros à parier qu’ils viendront à Orléans.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Dieu vous entende !

LE DUC DE GUISE.

Ils n’ont pas dit leur dernier mot.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Cependant ces deux lettres…

LE DUC DE GUISE.

Ces deux lettres ne signifient rien ; si la douairière s’en donnait la peine, soyez sûr qu’ils changeraient de ton. Tout le secret est là, mon cher Charles ; que la reine en fasse son affaire et vous les verrez venir.