ici, je ne puis m’expliquer, mais voyez où on vous mène faute de prudence ! N’aviez-vous pas désir que vos cousins de Bourbon vinssent aux états ?
Assurément.
C’était l’avis de vos conseillers…
Mon oncle de Lorraine m’en parlait encore hier. Il faudra bien qu’ils viennent, ces chers cousins.
Eh bien ! ils ne viendront pas. Le roi de Navarre me prie de vous le dire. (Baissant encore plus la voix.) Ce qui se passe ici lui semble trop suspect. Quant à son frère… (À haute voix et les yeux fixés sur la reine, qui, tout en paraissant causer avec une de ses dames, cherche depuis un instant à entendre ce que dit la reine-mère.) Quant à M. de Condé, je vous le dénonce, mesdames ; lui aussi nous fausse compagnie. Serait-ce par hasard que vous lui semblez trop cruelles ? Prenez-y garde, ce grand vainqueur est facile à consoler ; il est de douces chaînes ailleurs qu’à cette cour… Vous m’avez l’air, ma chère Marie, de me trouver peu charitable pour votre cousin de Condé ?
Moi, madame ? Je n’ai rien dit ; je m’entretenais avec Mlle de Piennes, et ne savais même pas… Vous parliez donc de M. de Condé ?
Pur badinage… Mes enfans, vous devez vous ressentir du long chemin que vous avez fait ? Je vous engage, ma fille, à déposer ce fardeau de perles et de broderies. Une autre que vous les quitterait à regret ; mais que vous sert la parure ? que peut-elle vous donner ? C’est vous qui la rendez belle.
Voilà qui est galamment dit : Maisonfleur ou Ronsard ne rimerait pas mieux.
À tantôt, ma belle.
Robert, montrez-nous l’appartement qu’on nous a préparé.
La reine y trouvera ses instrumens, son luth, ses livres ?…
Oui, sire.
Du Bellay est-il arrivé ?