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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

commander d’avoir l’œil ouvert. Que de lettres, bon Dieu ! j’en aurai pour toute ma nuit !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Plaignez-vous donc ! Vous ne verserez jamais en toute votre vie autant d’encre que j’en répands depuis vingt jours ! Voyez ces montagnes de papiers ! Tout cela pour peupler les états selon votre cœur, pour faire éclore de bons députés ! pas un bailliage qui ne reçoive chaque jour deux ou trois lettres de moi. Les têtes sont si dures, et ce métier-là est oublié depuis si long-temps ! Il faut tant promettre ! tant menacer !…

LE DUC DE GUISE.

Êtes-vous toujours content ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Toujours. Autant que j’en puis juger, nous serons bien servis. Sauf dans quelques mauvais trous infectés d’hérésie, nous aurons les gens qu’il nous faut.

LE DUC DE GUISE.

Dieu vous entende ! N’est-ce pas demain que tout sera fini ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Oui, demain.

LE DUC DE GUISE.

Le cœur doit vous battre. Moi qui n’ai pas comme vous patronné cette belle nouveauté, peu m’importe ce qui en sortira. Si vos bailliages nous envoient des députés rétifs, je sais le bon moyen de les apprivoiser.

(Il fait un geste avec la houssine qu’il tient à la main.)
LE CARDINAL DE LORRAINE.

À nos moutons, mon cher François ! hâtons-nous. Voilà qui est arrêté : Envoyer Cypierre à Orléans ; rappeler d’Estampes et Sénarpont en les comblant de caresses ; loger en bonne compagnie tous les mauvais compères comme Genlis et Lansac. Maintenant, parlons-nous de l’amiral ?

LE DUC DE GUISE.

Le rappeler de Normandie, ce serait…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

N’y pensez pas.

LE DUC DE GUISE.

Il faut au moins l’épier de plus près.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Je m’en charge ; j’ai mon homme tout trouvé. Et le connétable ?…

LE DUC DE GUISE.

S’il continue à faire le mort, ne le réveillons pas.