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REVUE DES DEUX MONDES.
LE DUC DE GUISE.

Je les connais, ces gros chapeaux bleus ; mais je ferai balayer la ville avant d’y conduire le roi. Quand les huguenots n’y seront plus, Groslot et ses vignerons se tiendront tranquilles. Sinon, gare à eux ! leurs maisons et leurs échalas s’en sentiront !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Laissons-nous La Roche-sur-Yon gouverneur ?

LE DUC DE GUISE.

J’aimerais mieux qu’il n’y fût pas ; mais l’ôter de là, c’est bien gros. Tout prince qu’il est, je ne m’en défie guère.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Prenez garde, il est si sot que ses cousins le joueront sous jambe.

LE DUC DE GUISE.

Donnons-lui Cypierre pour lieutenant avec autorité de n’agir qu’à sa tête. Cypierre n’ira pas de main morte, et fera notre affaire galamment.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Va pour Cypierre.

LE DUC DE GUISE.

Quant à d’Estampes, puisqu’il offre sa Bretagne, je me permets de la lui prendre. Il faut le rappeler, et Sénarpont aussi.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Un instant ! si vous les rappelez, tâchez au moins qu’ils n’aient soupçon de rien. Faites-leur bon visage.

LE DUC DE GUISE.

Je puis leur dire à l’oreille qu’ils iront commander en Écosse.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

À la bonne heure !

LE DUC DE GUISE.

Quant aux Genlis, aux Lansac.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Contentez-vous de les dépayser.

LE DUC DE GUISE.

Prendre des gants avec pareille canaille !…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Plus tard nous réglerons leur compte. En les frappant aujourd’hui, vous sonneriez l’alarme. Faites passer Genlis dans le gouvernement de notre ami Brissac, par exemple, et ainsi des autres.

LE DUC DE GUISE.

Eh bien ! soit ; mais, pour entrelacer ainsi les compagnies, il y a de la peine à prendre. Il ne faut pas aller au hasard ; il est besoin d’écrire partout, à tout ce qui nous est fidèle, donner le mot discrètement,