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que par un seul sens, celui de la vue : elle n’a aucun moyen de les modifier, ils échappent à tout contrôle de l’homme, qui ne peut que les contempler. Aussi la méthode d’observation est-elle, là, d’une rigueur merveilleuse ; l’histoire de l’astronomie fournit le thème le plus instructif pour qui veut savoir comment les faits s’observent. L’astronomie est la seule science jusqu’à présent qui, d’inductive qu’elle était, soit devenue déductive. C’est Newton et la découverte de la loi de gravitation qui ont produit cette révolution. À la troisième et à la quatrième science appartient la méthode expérimentale dans sa perfection. Les corps inorganiques sont tels qu’on peut y porter une modification sans qu’il arrive ce qui arrive aux corps organisés, à savoir, une participation du tout à la modification faite dans une partie. Aussi la physique et la chimie ont-elles dû à l’expérimentation les magnifiques résultats qui les glorifient. Là la méthode expérimentale est dans toute sa pureté. Outre sa part dans l’expérimentation, la chimie offre une méthode qui lui est propre, à savoir, celle des nomenclatures. À peine eut-elle été créée par Lavoisier et ses illustres contemporains, qu’on créa pour elle un langage. Elle est la seule où l’on trouve l’application véritable de cette proposition métaphysique de Condillac : qu’une science n’est qu’une langue bien faite. À la cinquième science appartient la méthode comparative. La biologie, qui emploie sans doute subsidiairement les méthodes des sciences précédentes, a en propre la comparaison ; c’est la comparaison qui seule a pu donner l’idée suprême de la biologie, l’idée de la hiérarchie organique. À cela ne se bornent pas ses services logiques ; elle a fourni la méthode de classification. Pour apprécier ce qu’ont valu en ceci à l’esprit moderne la chimie et la biologie, il suffit de se représenter combien toute classification et toute nomenclature ont été étrangères aux anciens. Ils avaient des nomenclateurs pour rappeler à leur mémoire les noms des cliens et des salutateurs ; mais ils n’avaient ni nomenclature ni classification. Enfin, la sixième science, ou l’histoire, complète les pouvoirs de l’esprit humain en lui offrant la méthode de filiation. Là, les faits dont il s’agit de trouver la loi n’appartiennent pas au champ de l’observation pure, ne sont pas accessibles à l’expérimentation, la comparaison même n’en donne pas une idée réelle ; mais ils s’engendrent les uns les autres, et c’est dans cette condition que gît et le caractère spécial qui les distingue et la méthode qui leur est propre.

Déjà j’entends s’élever l’objection : Mais tout ceci n’est pas de la logique. Comment ! ce sont des méthodes, et ces méthodes, la logique les laisserait en dehors d’elle ! Évidemment cela ne se peut. Et voyez de quelle façon elles s’échelonnent. L’observation, qui est le propre de l’astronomie, n’intervient plus que d’une façon accessoire dans les sciences subséquentes. L’expérimentation, dont le rôle est prépondérant