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IX. – PUBLICATION DU GÉNIE DE L’HOMME.

Il nous faut revenir un peu en arrière. Affligé par des douleurs de cœur dont nous n’avons fait que soulever le voile, Chênedollé semblait, dès les premiers pas, renoncer à la palme qu’il avait brûlé d’obtenir. Il trouva pourtant en ces années (1805-1806) quelques consolations dans la nature, et aussi dans la société d’une personne gracieuse dont il avait dû la connaissance à M. de Chateaubriand. Mme de Custine, qui habitait Fervaques, était un peu sa voisine de Normandie. Cette adorable femme, qui elle-même connaissait si bien la tristesse et les pleurs, ne se laissa point décourager par les sauvageries et les silences de l’ami de son ami ; à force d’attentions et presque d’obsessions, comme il est permis à l’amitié délicate, elle redonna un peu d’intérêt à cette existence flétrie. Je pourrais m’arrêter ici à tracer un portrait charmant, si cela ne sortait décidément un peu trop de la littérature. — « Adieu, reine des roses ! » c’est ainsi que M. de Boufflers appelait Mme de Custine.

Cependant, à travers les heures de tristesse et de deuil, le Génie de l’Homme était terminé, et ce poème, qui aurait dû voir le jour en 1802, parut au printemps de 1807. Tout le monde en connaît de beaux vers, et notre enfance a été accoutumée à en admirer plus d’un tableau. Je viens de le lire dans son ensemble, et je dirai avec franchise l’impression que j’en ai reçue. Il y a, certes, bien de l’élévation, de la fierté native dans ce talent ; la région habituelle est haute. Elle l’est même trop, ou elle ne l’est pas assez. Je m’explique : les paysagistes ont remarqué