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la lutte, se présentent avec un ensemble de fortifications qui en font des places importantes pour le pays. Les fortifications d’Alger, dont le développement sur douze fronts dessine la nouvelle enceinte, exigeraient, même de la part d’une armée d’invasion, tout le temps, tout le matériel nécessaires pour un siége en règle. Blidah, Koléah, Cherchel, Médéah, Miliana, Mascara, ont vu leurs vieilles murailles arabes à peu près renouvelées, soit par de fortes réparations, soit par des enceintes élargies et reconstruites à la manière européenne. Plusieurs de ces positions sont en même temps couvertes par des camps ou des ouvrages avancés. Les places dont les moyens de résistance paraissent moins complets sont cependant à l’abri d’un coup de main. Toutes nos villes de second ordre, et même la plupart des villages que nous avons semés à l’intérieur, sont entourés de murailles crénelées ou de fossés avec parapets en terre ; ordinairement, on a enchaîné à cette enceinte des bâtimens défensifs, des bastionnets ou des tours flanquantes. De tels obstacles seraient insignifians contre des troupes européennes ; mais l’expérience a prouvé qu’ils imposaient suffisamment aux plus nombreuses réunions d’indigènes.

La simple énumération des bâtimens exécutés pour les besoins divers de l’armée serait un travail de longue étendue. On reprochera sans doute au génie militaire l’inutilité de certaines constructions, le luxe où l’ampleur exagérée de quelques autres : nos officiers auront pour excuse l’impossibilité d’une juste appréciation dans un milieu inconnu et rebelle. Quoiqu’il en soit, la France algérienne possède déjà trente-quatre centres fortifiés, sans compter quelques petits postes ; des moyens de casernement qui suffisent pour 70,000 hommes, avec 20,000 chevaux ; des hôpitaux militaires pour 12,000 malades ; les ateliers et les magasins nécessaires dans un pays dont les ressources commerciales sont encore très bornées. Une récapitulation que nous avons faite des dépenses effectuées depuis 1830 pour le service spécial des travaux de cette nature nous a donné pour total 64,225,955 francs. Un tableau approximatif des dépenses à faire pour compléter notre établissement militaire fait encore présager pour l’avenir une charge d’environ 50 millions ; mais depuis la pacification, qui paraît devoir être durable, les derniers travaux à exécuter n’ont déjà plus ce caractère d’urgence qui commandait au pays de lourds sacrifices.

Le domaine des ingénieurs civils comprend les routes, le régime des eaux, les desséchemens et les constructions maritimes. Le vocabulaire des travaux publics, appliqué à la statistique de l’Algérie, n’offre pas une idée parfaitement nette des moyens de communication. Il y a deux manières de fonder des routes excellentes : à la longue, par des remaniemens successifs et, pour ainsi dire, par la pression du temps ; où bien, tout d’un coup, mais avec d’énormes dépenses, en refaisant le sol par des travaux solides et profonds. En Algérie, le sol est généralement