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par-delà la tombe, à ses trop fidèles disciples, les dernières leçons de rêverie et de personnalité et montre sa facile gloire exhalant son dernier souffle dans un dernier effort de vain orgueil, la plus riche imagination de ce temps, la plus fertile en idées vives et en images brillantes celle qui était le plus apte à se transformer et à se rajeunir, s’amuse, pour toute ambition littéraire, à disputer à cette voix sépulcrale les derniers restes d’une attention fatiguée.

Il y a mieux à faire, et ce serait de rendre aux lettres le véritable sentiment de leur devoir au milieu du monde moderne. L’art a été jeté dans une voie fausse, lorsqu’il a naguère voulu briser avec les traditions de la littérature nationale. Que se proposait, en effet, la jeune école romantique ? Enivrée par une certaine exubérance de vie et par le débordement d’imagination qui succédait alors dans toute la société à un long assoupissement du génie littéraire, elle a donné dans tous les travers, dans tous les caprices de la fantaisie et de la personnalité. L’art a besoin aujourd’hui, s’il veut revivre utilement, de se retremper aux vraies sources du beau et de l’honnête ; il doit, en renouant les traditions rompues du génie national, revenir à la pensée des anciennes écoles, qui fut, non point d’étouffer l’imagination, mais de la régler, non point de méconnaître les passions, mais de leur imprimer une direction fière et haute, de former le goût, qui est la perfection du jugement et, enfin, de fournir à l’esprit des idées droites et à la volonté d’énergiques mobiles. L’opinion elle-même, après un long égarement reconnaît que la vraie beauté littéraire est de ce côté : c’est donc aussi de ce côté que l’art doit avoir les yeux tournés, s’il ambitionne de retrouve son chemin, si l’intérêt de la pensée le touche, s’il désire s’associer honorablement aux efforts nouveaux de la science, aux vicissitudes aventureuses dans lesquelles la société est lancée à toutes voiles.

La religion, avec un caractère plus sacré et une autorité plus grande, est conviée, comme l’art et la science, à participer à la régénération morale du pays. Le pays lui laisse voir ou même lui déclare hautement qu’il ne juge point son appui inutile. Comment va-t-elle accueillir cet appel, ou plutôt comment le va-t-elle comprendre ? Question qui mériterait bien d’être abordée de haut et avec franchise. Si l’église veut avoir sa part dans l’action de la pensée, si elle veut revivre un jour de sa vie glorieuse d’autrefois, elle a un grand effort à faire sur elle-même, et, pour trancher le mot, un grand progrès à accomplir. L’église repose sur le culte de la tradition, soit. Qu’elle ne prenne conseil que de sa propre histoire. Que lui enseigne-t-elle’ ? L’immobilité au milieu de l’universel mouvement des choses humaines ? Bien au contraire : elle déroule devant ses yeux le spectacle du progrès le mieux réglé, mais aussi le plus constant et le plus vigoureux qui fût jamais organisé. Depuis la prédication de l’Évangile jusqu’au XVIIe siècle