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704 REVUE DES DEUX MONDES. MAURICE. Veuillez m’excuser, mademoiselle; j’ai reçu un peu tard votre invitation. Je ne sais comment vous remercier d’une grâce que je n’avais aucun droit d’espérer. MADELEINE. Mon Dieu! monsieur, c’est le comte Jean qui Asseyez-vous donc, je vous prie. (Maurice s’assied entre Bertha et Shelield.) LE COMTE JEAN. Est-ce que vous souffrez , Madeleine? MADELEINE, éclatant de rire. Répétez-moi ça en face. LE COMTE JEAN. Dame! sans doute : il vous est certainement arrivé quelque chose. MADELEINE. Quelque chose est modeste!.... Il m’écrase quelque chose comme trois doigts avec le pied de sa chaise, et puis il me demande comment je me porte Mais pas bien, comte Jean. Et vous? N’ètes-vous pas blessé?... Ah çà! voyons, ce n’est pas le tout que de se divertir.... qu’est-ce qu’on fait, quand on est écrasé? car voilà ma position dans le monde actuellement, grâce à monseigneur C’est bon, comte, c’est bon.... je comprends votre pantomime.... vous ne l’avez pas fait exprès.... c’est encore heureux. Servez votre cousin au moins.... N’est-ce pas qu’elle est gentille, la petite Bertha, monsieur Maurice? ROSETTE. Dans ce cas-là, ma chère, le mieux est de bassiner avec de l’eau et du sel. MADELEINE. Eh bien! tu y mets le temps, toi... Comment! monsieur Maurice, vous en êtes déjà aux confidences, Bertha et vous? Qu’est-ce qu’elle vous conte dans l’oreille? MAURICE, riant. Elle me conte, mademoiselle, que, d’après vos intentions, nous devons tirer des pétards nous deux; elle s’en réjouit , et moi aussi. Tirer des pétards avec les petites demoiselles, en buvant du vin de Champagne, c’est mon plaisir favori, et jevous sais bon gré de l’avoir deviné. MADELEINE. Monsieur Maurice, je vous jure que c’est le comte Jean.... LE COMTE JEAN. Ah! que diable! Madeleine, permettez. C’est le comte Jean.... c’est le comte Jean I MADELEINE. Ne m’interrompez pas, vous.... Écrasez-moi l’autre pied si vous voulez, mais ne m’interrompez pas... Il est étrange, sur ma parole, que, pour quelques sou- ches rabougries dont vous avez débarrassé votre serre et embarrassé ma route, pour quelques rogatons épineux qui ont éclopé mes chevaux , vous vous croyiez le droit d’interrompre et d’écraser ici à tort et à travers!.... Allons, touchez là, comte Jean.... ce n’est pas sérieux.... (Elle se renverse sur sa chaise.) Ouf! que je suis lasse! en ai-je dit de ces paroles inutiles daus ma vie, grand Dieu!.... Ce qui me console, c’est que je ne suis pas la seule.... Ce n’est pas pour vous que je dis ça, d’Estival... non; mais,’quand on pense que, si on pouvait recueillir et