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«ÉDEMPTION. Vm MADELEINE. Cest l’amour, duc... Je vous recommande Bertha, votre petite voisine. d’estival. La jolie enfant avec ses yeux vert de mer! C’est votre fille, Rosette? ROSETTE, avec une grave bonhomie. Oui, monsieur le duc; je le pense du moins, car, vous savez, on ne peut jamais être sûre de rien; les hommes sont si traîtres! (On rit.) SHEFIELD. Oh! comment? LE COMTE JEAN. Laissez-les rire. Rosette... vous avez bien raison de vous méfier, allez... Tenez, moi, j’ai connu une femme qui avait une fille dont elle crut être la mère jusqu’à l’âge de quarante ans... et puis, un beau jour, paff! elle découvrit que c’était une autre... comprenez-vous ça? ROSETTE. lisant à moi, une pareille découverte me tuerait. d’estival. Je le crois bien. Buvez donc. Rosette; noyons ces idées-là, mon enfant. — Ah çà, comte Jean, et votre cousin, à propos? LE COMTE JEAN. Je’rai bien dit, il ne viendra pas. MADELEINE. S’il ne vient pas, après que j’ai pris la peine de lui écrire de ma patte blanche, c’est un cuistre, voilà tout. ERLOFF. Mais quelle idée, mon cher comte, de nous empêtrer de ce cousin-là? Je ne l’ai vu qu’une fois, votre cousin, et il m’a furieusement déplu... Qu’est-ce donc qu’il a dit qui m’a tant déplu? Attendez.... MADELEINE. Qu’est-ce que cela nous fait, mon prince? D’abord, je ne permets à personne d’intervenir dans ma querelle avec ce jeune sauvage. Je désire me charger seule de son éducation... Pour commencer, je lui ai iflarqué sa place à côté de la petite Bertha; ils s’amuseront tous deux à tirer des pétards, puis il s’instruira à lire les devises, et, trouvant ainsi dans ma maison l’utile brochant sur l’agréable, je ne doute pas qu’il ne me rende toute son estime. (Un domestique annonce M. Maurice Erckler.) MADELEINE. Bravo! il est venu! il est vaincu! — Faites entrer. LE COMTE JEAN. Un peu de miséricorde à cause de moi, Madeleine, je vous prie. MADELEINE. ’Ah! VOUS me la baillez bonne, vous, messire Jean, avec votre miséricorde! Je vais lui chauffer vertement son entrée, je vous en réponds... Eh bien! qu’est-ce qu’il fait? Est-ce qu’il refuse le combat? Ici, mon lion! à moi, mon lionceau! et emplissez tous vos verres. (Elle se lève. Entre Maurice.) Ah! parbleu, notre beau cousin (Reconnaissant Maurice, elle se rassied lentement sans ajouter un mot. Tous les convives la regardent avec surprise.)