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RÉDEMPTION. 699 d’estival, regardant par la fenêtre. En vérité, je ne sais. Je ne vois que la neige qui poudroie, quelque chose d’în- distinct qui verdoie, et une grande foule qui se coudoie... , (On. entend des rires^ daasl&oouloir!.) MADELEINE. CTest la voix du comte!... Entrez! (Entre le comte Jean.) Bonjour, Jean de Ni- velle, qui s’en va quand on l’appelle Qu’est-ce qui se passe donc, monsei- gneur? Est-ce une émeute,... un incendie,... quoi? LE COMTE JEAN, riant. Ah! ah! c’est votre bouquet, votre petit bouquet, mon enfant! Ah! que vous êtes belle! Seigneur Dieu! messieurs, qu’elle est belle! MADELEINE. Comment! c’est mon bouquet qui fait tout ce tapage? LE COMTE JEAN. Eh ! oui; vous savez que j’avais des serres fort vastes, où le touriste venait admirer les flores des cinq parties du monde... Eh bien! tout cela, cèdres du Liban et palmiers du Nil, plantes de l’Inde et de la Chine, arbres et arbustes, feuilles, fleurs et fruits, tout a été mis bas, égrené, émietté, et j’en ai fait Htière pour vos chevaux, ma reine; la rue en est émaillée du théâtre jusqu’à votre porte. Ça n’est pas très joli, mais ça sent bon. MADELEINE. Allons! touchez là, comte... C’est absurde! LE COMTE , se laissant tomber en riant sur un divan. Non; mais ce qu’il y a de contrariant, c’est que, voyant ça, mon jardinier s’est pendu. MADELEINE. Bon! voilà milord qui fera une pension. N’est-ce pas, milord? LORD SHEFIELD, SOUCieuX. Moi? Oh! non. Je suis vexé. UN DOMESTIQUE, entrant. Une lettre pressée pour monsieur le comte. LE COMTE JEAN. Pour moi? donne. (il lit la lettre dans un coin.) ERLOFF. Pardieu ! si j’avais su , moi , j’aurais fait venir mes vingt-cinq^^ mille paysans avec chacun un sapin dans la main. MADELEINE. On le fait, mon prince, et on ne le dit pas. d’estival. Moi, j’ai envie de faire comme le jardinier de M. le comte. MADELEINE. Bah! d’Estival, attendez la fin du souper. Les choses tournent quelquefois à l’envers de ce qu’on croit. (Elle regarde avec dépit le comte Jean, qui paraît tout ab- sorbé par la lecture de sa lettre.) Maintenant, vous allez me laisser... Ah! nous aurons ma camarade Rosette, à propos...