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692 REVUE DES DEUX MONDES. MAURICE. Ma foi, non ! c’est une haine. (On frappe à la porte.) iSAAC , entr’ouvrant le guichet. Tiens, fort bizarre cela. MAURICE, regardant par-dessus l’épaule d’Isaac. Une femme!... Dieu juste! ma vision de Téglise Saint-Étienne ! Est-ce que tu la reconnais? ISAAC. Parfaitement, malgré son voile. Est-ce qu’il y a dans Vienne deux tournures pareilles? C’est la Madeleine du théâtre impérial. MAURICE. Madeleine! ISAAC. Eh! eh! Qu’est-ce que c’est? Tu as rougi, mon Benjamin? Qu’est-ce que c’est donc, mon Benoni? Veux-tu la recevoir pour moi? MAURICE. Tais-toi, et oublie que je suis là. (Il entre dans un cabinet. Isaac ouvre la porte à Madeleine.) ISAAC, MADELEINE. MADELEINE. Monsieur Zaphara is VAC, avec galanterie. Il est sous vos yeux, charmante dame. C’est le vieillard en déshabillé qui vous parle. Daignez excuser, gracieuse personne, cette toilette de cabinet. MADELEINE, riant. Comment? mais elle me ravit, monsieur Zaphara. Elle vous donne tout-k-fait la mine d’un gentilhomme dont j’ai toujours désiré faire la connaissance. ISAAC. Eh! eh! d’un gentilhomme; oui, d’un vieux gentilhomme issu de haut lieu! Je vous comprends, délicieuse enfant, et, me prêtant à votre plaisanterie, je vous avouerai que je le crois un peu mon parent. MADELEINE. ’ Ignorant l’adresse de votre parent, monsieur Zaphara, vous me pardonnerez de m’ètre présentée chez vous. ISAAC. Pardonner! Oh! oh! pardonner est fort! Un jeune palmier dans le jardin d’une veuve! une source vive dans le désert! une flamme qui pétille à mon vieux foyer! Pourquoi suis-je pauvre, fillette! chaque minute de ton aimable présence te serait soldée en perles fines. Assieds-toi du moins sur cet escabeau, le seul que la nécessité ne m’ait pas réduit à brûler. MADELEINE, s’asseyant. J’accepte, généreux vieillard. C’est moi, du reste, qui compte vous payer vos précieux instans. Dites-moi, mon père, si je ne m’abuse, vous êtes physicien et né- cromant; vous vendez des produits chimiques, et vous dites la bonne aventure ?