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RÉDEMPTION. 689 LE SACRISTAIN. Ah! oui,..- oui,... un jeune homme qui était là?... Il est parti. MADELEINE. Parti? depuis long-temps? LE SACRISTAIN. Voilà une bonne heure... Et,... attendez donc,... oui,... c’est lui qui m’a dit en partant... Comment avais-je oublié cela? Est-ce que je perdrais la mémoire à mon âge. Seigneur!... Enfin, que la sainte volonté de Dieu soit faite en toutes choses!... n’est-ce pas, madame? MADELEINE. Qu’est-ce qu’il vous a dit en partant? LE SACRISTAIN. Il m’a dit : Voilà un rude froid, mon vieux.... oui, il m’a dit : Voilà un rude froid, mon vieux. Ce cher jeune homme!... (Il rit avec béatitude.) MADELEINE. Vous êtes bien le sacristain le plus inepte qu’on puisse voir, l’ami. (Elle s’en va. Le sacristain demeure étonné.) Le laboratoire d’Isaac Zapliara. Sor l’an des côtés deux portes , dont une est percée d’un guichet à treillage de fer. Un fourneau chargé de cornues et d’alambics. Les murs et le plafond sont tapissés d’animaux et de reliques bizarres. A travers le vitrage d’un bahut, on voit des floles de formes variées : deux têtes de mort grimacent sur le bahut. Un télescope près de la fenêtre. Un gros chat dort dans un coin. ZAPHARA, vêtu d’une robe de chambre feuille-morte, est penché sur son fourneau et surveille un appareil chimique. Allons, petit poison mignon, allons, mon fils? çà, çà, ne nous amusons pas! Nous touchons au port; encore un coup de brise, et tout est dit. (Il souffle le feu.) Ah! fumée d’enfer! (il tousse.) Hum! hum! Nous voulons donc tuer papa, mon garçon? (Il consulte un vieux manuscrit.) Soixante heures et un quart, — c’est cela; — encore une minute, et je vous tiens, petit ingrat, petit serpent... Laisser refroidir au clair de lune superstition! Bah! qui sait? Ne négligeons rien. (Il va ouvrir la fenêtre, revient prendre la cornue avec une pince et la pose avec pré- caution sur le rebord extérieur. On frappe à la porte; Isaac regarde par le guichet avant d’ouvrir.) Ah ! c’est le favori de mon cœur ! Entre, mon bijou ! ( Entre Maurice. Zaphara veut l’embrasser.) MAURICE. Ne me touche pas, vieux maudit ! Pouah ! quel parfum damné ! Retrô, te dis-je, morbleu ! ISAAC. Vous m’affligez sensiblement, Maurice : refuser mon accolade, c’est me donner quasiment à croire que vous ne m’aimez plus. MAURICE, riant. Laisse-moi te regarder, Isaac : tu es beau dans ton attendrissement. Ne plus t’aimer, dis-tu? ne plus aimer ce morceau vivant de poésie gothique que j’ai eu la chance incroyable de découvrir en plein xix« siècle ! Ne plus aimer ce sque-