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Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la proportion n’a plus été que de 1 à 30. Puis, jusqu’à la fin de ce siècle, la proportion des produits de chacun de ces deux métaux s’est établie de 1 à 40 ou 45. Si, à travers toutes ces fluctuations, la proportion de 15 à 1 dans la valeur relative de l’or à l’argent s’est maintenue presque constamment, c’est que cette proportion est le résultat du rapport entre la quantité moyenne des demandes et la quantité moyenne des produits qui se règle sur la première ; mais il ne faudrait pas conclure de ce que cette valeur relative s’est maintenue la même pendant plusieurs siècles qu’elle ne pourrait pas varier. La différence augmenterait si les mines d’or existant aujourd’hui venaient à diminuer partout dans leur produit, et si néanmoins la demande d’or restait la même, et que, pour satisfaire à cette demande, on fût obligé d’exploiter, dans des conditions désavantageuses, des mines aujourd’hui négligées. Au contraire, la différence baisserait si la découverte de mines d’or nouvelles, où l’exploitation fût moins chère que dans les mines actuelles, permettait de livrer le métal à meilleur marché, et si néanmoins la demande de la consommation n’augmentait pas en proportion. Cependant cette seconde hypothèse relative à l’abaissement de la proportion existant entre la valeur de l’or et de l’argent ne se réaliserait probablement pas, parce que la consommation de l’or comme objet de luxe peut s’accroître considérablement, et qu’en conséquence, la demande allant toujours croissant dans une proportion analogue à la production, une baisse majeure dans le prix de ce métal ne peut guère se produire.

M. de Humboldt évalue à environ 6,700,000,000 en or, et à 22 milliards en argent, la production des mines du Nouveau-Monde depuis l’an 1500 jusqu’à l’an 1803. Il est vrai qu’une partie de cette production est restée en Amérique ou a été exportée directement en Asie ; mais, d’un autre côté, les Espagnols ont dû trouver à leur arrivée dans le Nouveau-Monde des sommes considérables en métaux précieux : les récits de la conquête du Mexique, du Pérou, du Chili, ne peuvent laisser de doute à cet égard ; on sait aussi avec quelle avidité les conquérans s’emparèrent de ces trésors, dont ils enrichirent leur ancienne patrie. M. de Humboldt évalue à environ 125 millions la somme en or transportée à cette époque en Europe. En définitive, on peut supposer que, de 1500 à 1800 ; 6,700,000 000 en or ont été fournis par les mines du Nouveau-Monde à l’ancien. À partir de 1500, la richesse des mines d’or d’Amérique fit cesser presque complètement l’exploitation des mines de l’ancien monde.

Dans ce siècle-ci, la production de l’or s’est élevée annuellement à 70 millions jusqu’au moment où, les mines d’or de l’Oural ayant été exploitées sur une grande échelle, elle a monté à 160 millions qu’on décompose ainsi :