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ont entraîné le gouvernement à des dépenses parfois excessives. On commence à revenir de cette fièvre de production et de cette imprudente libéralité ; mais ceux qui ont été à même, par leur position, d’étudier long-temps et de près l’action normale du système des cultures nous ont assuré que les causes d’oppression qui pèsent encore sur les Javanais et les pertes que le gouvernement et un assez grand nombre de planteurs ou de fabricans ont eu à subir depuis l’introduction du système doivent être attribuées exclusivement à une interprétation erronée, à une application maladroite des instructions de Van den Bosch et non à ces instructions mêmes.

En résumé, l’avenir des cultures à Java dépend de l’adoption rigoureuse des bases posées par Van den Bosch. Ne jamais dépasser les bornes marquées par cet habile administrateur, se bien pénétrer des intentions libérales et paternelles du gouvernement, mettre tout le zèle possible à alléger les travaux de culture et les corvées, protéger efficacement les Javanais contre l’oppression des régens, contre l’oppression plus intolérante encore des fermiers des bazars, telles sont les obligations imposées par la nature même des choses aux fonctionnaires européens chargés de surveiller l’application du système des cultures. Si ces obligations sont enfin remplies, le Javanais considérera comme un bienfait le régime qu’il accepte encore en ce moment, dans bien des localités, comme une nécessité fatale.

Quelques dispositions ont déjà été prises par le gouvernement néerlandais pour compléter l’œuvre de Van den Bosch, en assurant et en régularisant le développement des nouvelles cultures et la livraison des produits. Nous avons parlé des contrats qu’il a passés avec un grand nombre de planteurs européens et quelques Chinois. La nature et les conditions de ces contrats ont été souvent modifiées. Dans l’état actuel des choses, on peut ramener ces contrats à trois espèces principales : 1o concessions à terme de grandes terres (qui peuvent être déjà en partie habitées et cultivées) avec permission de défrichement[1] ; 2o concessions à terme de terrains pour l’érection de sucreries, indigoteries, sécheries pour le tabac, manipulation de la cochenille, etc., et contrats pour livraison à des époques et à des prix déterminés des produits manufacturés[2] ; 3o contrats pour la livraison du café préparé à la manière des Indes occidentales et pour diverses autres livraisons. — Outre

  1. Pour le café, la durée des permissions de défrichement est de vingt à vingt-cinq ans. La moitie de la terre doit être défrichée et plantée dans le cours des cinq premières années. À partir de la deuxième année, le concessionnaire paie une redevance en nature proportionnée à l’étendue des terrains plantés. Il paraîtrait que dans certains cas exceptionnels la redevance est fixée en argent.
  2. Le gouvernement s’engage à fournir, moyennant certaines conditions et suivant la nature des entreprises, les ouvriers, les bois de construction et autres matériaux, les semences, les cannes à sucre pour alimenter le travail des fabriques, etc.