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à d’autres résidences, où une partie des plantations des année précédentes n’a pas été conservée.

Les conséquences de ces transgressions sont d’abord une surcharge de travaux pour la population, qui n’a plus ainsi le temps nécessaire pour ses occupations domestiques, et ensuite une hausse dans le prix des céréales, hausse qui se fait sentir surtout dans les campagnes. Ces conséquences fâcheuses découlent surtout inévitablement de la trop grande extension donnée à la culture de l’indigo, parce que cette plante épuise considérablement la terre, et que, faute de donner au sol le repos qui lui est nécessaire (trois ou quatre ans au moins), le produit moyen en indigo descend promptement de 20 kilogr. par bow à 10, ou même 7 kilogrammes. Les champs qui sont restés pour la culture du riz donnent aussi un produit moindre au bout de quelques années. D’après le témoignage des administrateurs et des planteurs que nous avons consultés, nous sommes convaincu que, dans un avenir peu éloigné, la culture de l’indigo à Java devra être considérablement restreinte, et il nous paraît même probable qu’elle sera complètement abandonnée. Il en sera peut-être de même de la culture du thé.

On a beaucoup critiqué à Java même les bases adoptées par le général Van den Bosch pour son système des cultures. Toute grande innovation blesse certains intérêts, et doit rencontrer une opposition plus ou moins décidée ; mais, si cette innovation est appelée par les tendances générales, par les besoins réels d’une époque, elle triomphe promptement des préjugés individuels et des notions erronées qui ont marqué les époques antérieures, et c’est ce qui est arrivé au nouveau système. Van den Bosch a été un de ces hommes qui, au moment même où l’opinion désire de grandes choses et pressent de grandes réformes, arrivent pour les accomplir. Son triomphe a été d’autant plus honorable, qu’il a eu à soutenir une lutte plus sérieuse dès l’origine, et qu’il a montré, pour défendre son système, une fermeté égale à la prévoyance, à la sagesse dont témoignait cette remarquable conception. Les résultats des mesures adoptées par Van den Bosch n’ont pas trompé son espoir, et l’espèce d’enthousiasme avec lequel ces résultats ont été accueillis a conduit les gouverneurs-généraux qui ont succédé à ce grand administrateur à encourager, quelquefois même outre mesure, les cultures spéciales et la fabrication des produits destinés au marché d’Europe. Des avances sur la plus vaste échelle ont été faites à des planteurs et fabricans européens, et nous avons pu nous convaincre que, dans la répartition de ces libéralités, on ne s’est pas toujours montré fort judicieux. Des contrats ont été passés par le gouvernement pour toute sorte de cultures ou entreprises liées au développement des cultures. Le nombre de ces contrats est très considérable ; ils ont donné lieu à des spéculations, à des agiotages sans nombre, et