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les voitures nécessaires à cet effet devaient être fournies également contre libération de l’impôt et d’après le principe du travail d’un homme sur quatre. Enfin, le travail dans les fabriques était confié, autant que possible, à des travailleurs libres, et là où l’on ne pouvait s’en procurer, il était réglé comme les autres travaux ; mais, dans ce cas, il était alloué aux ouvriers une ration de riz et de sel, parce que le travail des fabriques exige plus de jugement et de plus grands efforts.

Telles sont les dispositions fondamentales du nouveau système des cultures. Avant de montrer comment ce système fonctionne aujourd’hui, il nous paraît nécessaire d’indiquer dès à présent le principal inconvénient qu’il présente. Une préoccupation inévitable a dominé à toutes les époques, et même sous l’administration de Van den Bosch, les déterminations des commissaires-généraux et des gouverneurs-généraux relatives à l’amélioration et au développement des cultures à Java. Nous voulons parler du désir qu’ils ont éprouvé, ou, pour mieux dire, du devoir qui leur était imposé de veiller avant tout aux intérêts de la mère-patrie. À la satisfaction de ce désir, à l’accomplissement de ce devoir, ont été sacrifiés, en mainte circonstance, les intérêts réels de la colonie. Van den Bosch a le plus approché de la solution du problème qui consistait à concilier ces intérêts divergens, et c’est là sa gloire ; mais les grands principes qu’il a posés n’ont pas tous reçu une application satisfaisante, ou même, lorsqu’elle l’a été, aussi satisfaisante qu’elle eût pu l’être. D’ailleurs, le mouvement imprimé par les grands et incontestables résultats du système a entraîné la spéculation et le gouvernement lui-même (qui l’encourageait de ses capitaux et de son influence) à des entreprises dispendieuses et précipitées. Ces entreprises se sont tellement multipliées, qu’elles ont porté atteinte, d’un côté, à la sage administration des finances, de l’autre, ce que nous considérons comme plus grave encore, à l’équilibre qu’il Importe tant de maintenir, à Java, entre les produits alimentaires indispensables à la consommation d’une population considérable et croissante et les autres produits du sol réclamés par l’exportation. Le Javanais, imprévoyant par nature ; a besoin d’être surveillé jusque dans l’exploitation la plus légitime, la plus essentielle de son champ, celle qui doit assurer la subsistance de sa famille. On comprend dés-lors combien il est important de ne pas trop encourager les cultures dont les produits intéressent surtout le commerce extérieur, au détriment de celles que réclament les besoins de la colonie.

Les excursions que nous avons faites dans l’intérieur de Java, notre séjour prolongé dans certaines localités et les occasions fréquentes que nous avons eues de consulter les fonctionnaires européens et les planteurs les plus éclairés, nos entretiens enfin avec plusieurs indigènes appartenant à diverses classes de la société javanaise, nous ont mis à