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dans la même proportion, un impôt moindre que celui qu’il aurait eu payer au chef dans les cas ordinaires.


II

Les premières tentatives des Européens pour exploiter les richesses naturelles de Java ne furent pas heureuses. On avait trop peu tenu compte des habitudes et des besoins de la population indigène. Le but des gouvernemens européens qui se sont succédé à Java ayant été principalement de tirer tout le parti possible de la puissance productive du sol, divers systèmes furent imaginés et mis en pratique pour l’atteindre. Certaines cultures furent obligatoires jusqu’en 1808 inclusivement ; elles le sont encore dans les Préanguers. On introduisit ensuite le système des landrenten (impôt territorial), système dans lequel sawas (terres à riz) devaient payer, d’après leur plus ou moins de fertilité, une demi, deux cinquièmes ou un tiers, et les tagal ou terrains élevés propres à la culture des autres céréales, un tiers de la récolte. L’acquittement de cet impôt devait avoir lieu en argent, et la perception en fut confiée à des collecteurs indigènes qui jouissaient d’une commission de 8 pour 100. L’application de ce système eut pour résultat de faire tomber la valeur des propriétés foncières. La moitié ou les deux cinquièmes de la récolte devant revenir au gouvernement, l’autre moitié ou les trois cinquièmes appartenant, d’après l’adat, au cultivateur immédiat, il devenait désavantageux de posséder plus de terre qu’on n’en pouvait cultiver de ses propres mains.

De 1816 à 1830, on adopta de nouvelles mesures, surtout dans l’intention d’augmenter la production du café. On eut la pensée d’assurer au Javanais qui aurait acquitté sa quote-part de l’impôt l’autre partie de sa récolte, comme juste et suffisante rémunération de son travail. L’idée était bonne en principe, mais inapplicable à la production du café sur une grande échelle. Cette culture impose, en effet, au Javanais des charges de toute espèce, et la réalisation de la récolte présente de grandes difficultés, sans compter qu’elle se fait attendre quatre longues années.

Ces théories abstraites, appliquées à une société dont on méconnaissait le caractère et les habitudes séculaires, ne pouvaient exercer qu’une fâcheuse influence. On accordait au Javanais, en principe, la libre disposition de sa personne et du produit de son travail, mais on lui faisait acheter ces avantages par le paiement d’un impôt territorial et par l’obligation de planter du café dans des conditions telles que les fruits de son labeur devenaient inévitablement la proie des spéculateurs et des usuriers. « Que l’on compare, disait à ce propos le gouverneur